C’était un moment très attendu au Chili : l’assemblée constituante élue mi-mai a pris ses fonctions officiellement dimanche 4 juillet. Une journée mouvementée, marquée par des manifestations, et la suspension de la cérémonie par plusieurs élues pour protester contre la répression de la part des forces de l’ordre dans le centre-ville de Santiago. Une première session marquée aussi par l’élection d’une femme indigène mapuche pour présider cette toute nouvelle assemblée constituante.
Avec notre correspondante au Chili, Justine Fontaine
Sans la mobilisation des Chiliens dans la rue il y a deux ans contre les inégalités sociales, il n’y aurait pas eu d’assemblée constituante. C’est ce qu’ont voulu rappeler des milliers de manifestants dès dimanche matin, comme Ismaël, 54 ans : « Nous sommes persuadés que ce processus aboutira à quelque chose de bon. Pour l’instant, notre Constitution est celle que nous avons héritée de la dictature. Et aujourd’hui, nous avons l’opportunité de changer les choses pour de bon. »
Une heure plus tard, dans le centre de Santiago, des manifestants arrivent aux portes de la session inaugurale de l’assemblée constituante. Des élus interrompent la cérémonie pour protester contre l’intervention de la police. Puis l’assemblée élit sa présidente. Elisa Loncon, membre du peuple indigène mapuche : « Cette assemblée que je préside aujourd’hui, transformera le Chili en un État plurinational, interculturel. Un Chili qui ne porte pas atteinte aux droits des femmes, et qui prend soin de la Terre-mère »
La journée se termine par une minute de silence, en hommage aux victimes de violences policières, aux victimes de la répression contre les indigènes, aux victimes de la dictature de Pinochet, et enfin aux victimes de féminicides.
Cette assemblée aura un an maximum pour rédiger une nouvelle Constitution, qui sera ensuite soumise à référendum.