Fini l’optimisme de ces derniers mois. Les négociations pour mettre fin au conflit commercial entre Pékin et Washington ont à nouveau du plomb dans l’aile. Le regain d’espoir qui avait marqué le 10ème round de pourparlers la semaine dernière a été douché par une salve de tweets signés Donald Trump. Washington accuse la Chine de revenir sur de précédents engagements et de faire traîner les négociations. Il menace d’appliquer des droits de douanes supplémentaires de 200 milliards de dollars de produits chinois d’ici ce vendredi. Coup de bluff ou pas ? En tout cas, les marchés ont fortement réagi ces derniers jours.
Wall Street d’abord et dans la foulée les autres places en Europe et en Asie ont plongé avant de se ressaisir… Des investisseurs interprétant les menaces de Trump comme un nouveau coup de bluff pour peser sur les négociations. Ce ne serait pas la première menace non mise à exécution. Mais lorsque le négociateur américain Robert Lightizer qui doit recevoir une délégation chinoise demain jeudi a confirmé que les sanctions seraient bien en place vendredi, les marchés sont à nouveau tombés de haut.
C’est que un certain optimisme était de mise depuis le début de l’année. Une trêve avait été décrétée entre les deux puissances après plusieurs mois d’un régime de droits de douane punitifs réciproques portant sur des centaines de milliards de dollars de marchandises. On se souvient que fin mars la date limite pour parvenir à un accord avait été repoussée, et ces derniers jours, vraiment, on s’est cru dans la dernière ligne droite pour parvenir à une ébauche de compromis.
Qu’est-ce qu’il s’est passé exactement ?
Aucune partie n’entre dans les détails mais lors d’une réunion informelle devant la presse, lundi à Washington, les négociateurs américains ont clairement pointé la responsabilité chinoise. Robert Lightizer le négociateur en chef a expliqué que la délégation chinoise a souhaité revoir sa copie et revenir sur des promesses formulées la semaine passée. Il n’a pas précisé lesquelles. On sait quels sont les points les plus importants aux yeux des Américains : ils demandent la fin du transfert des technologies entre les entreprises américaines et chinoises, la protection de la propriété intellectuelle de ces entreprises, et la fin des subventions chinoises aux entreprises locales.
Côté chinois, on ne commente pas spécifiquement. On dit simplement que la Chine ne cède pas à la pression américaine. Le fait notable, c’est que Pékin n’est pas allé jusqu’à annuler l’envoi de sa délégation. Même dans un format restreint, elle est attendue demain à Washington.
Le pire est évité donc puisque les négociations se poursuivent…
Oui, même si l’atmosphère risque d’être moins amicale que tel qu’on nous l’a décrit lors des cycles précédents.
Certains analystes estiment que c’est peut-être parce qu’on est tous proches d’un accord que la tension reprend le dessus. Avec les « faucons » des deux bords qui chercheraient à faire dérailler le processus.
Dans ce jeu-là, Donald Trump aurait le dessus. L’économie des Etats-Unis affiche des performances telles qu’il pourrait se permettre de menacer de nouvelles sanctions à un moment aussi critique dans les négociations.
Quoi qu’il en soit, l’incertitude qui reprend le dessus agite les marchés mais aussi de nombreux secteurs de l’économie qui sont montés au créneau depuis dimanche. Le secteur agricole américain en particulier, dont une large part constitue la base électorale de Donald Trump espèrent la fin des sanctions déjà en place. Il ne pourrait supporter de nouvelles taxes américaines qui attireraient irrémédiablement des représailles chinoises.
Une escalade qui reste, selon la directrice du FMI Christine Lagarde, la principale menace sur l’économie mondiale cette année.
En bref
Les exportations chinoises ont reculé en avril mais l’excédent avec les Etats-Unis lui n’a pas bougé
C’est le cœur du conflit commercial entre les deux puissances. Cet excédent qui enrage Donald Trump reste stable à 21 milliards de dollars en avril. D’après les chiffres de la douane, les ventes de la Chine à l’étranger ont reculé de 2,7% après un rebond le mois dernier. En revanche, le pays importe davantage conformément au nouveau modèle de croissance basée sur la consommation domestique…+4%. Évidemment, tout cela pourrait changer d’un coup si les sanctions annoncées par le président américain entraient vraiment en vigueur ce jeudi minuit.
Rfi