Ciment – Conjoncture internationale : Les industriels plaident pour une hausse des prix

Ciment - Conjoncture internationale : Les industriels plaident pour une hausse des prix

L’explosion des coûts, le conflit ukrainien, la fermeture des frontières avec le Mali, ont fini d’asphyxier les géants de la production du ciment au Sénégal, qui comptent sur la hausse du prix du ciment pour survivre. Ousmane Mbaye, Directeur administratif et financier de la société Dangote cement Sénégal (Dcs), en marge d’une visite de presse marquant les 7 ans d’existence de Dcs, a tiré la sonnette d’alarme.
Explosion des coûts, conflit ukrainien, fermeture des frontières avec le Mali. Voilà les ingrédients du cocktail explosif qui risque d’entraîner une augmentation du prix du ciment au Sénégal. Ousmane Mbaye, Directeur administratif et financier de la société Dangote cement Sénégal (Dcs), est catégorique : «La hausse est une question de survie, parce qu’il faut aussi protéger les investissements et protéger les emplois qui vont avec».

S’exprimant en marge d’une visite de presse marquant les 7 ans d’existence de la troisième cimenterie du Sénégal, M. Mbaye explique : «Nous sommes dans un contexte assez difficile. Nous avons une centrale à charbon comme source d’énergie. Le charbon est nécessaire dans la production du ciment. C‘est un intrant qui, pour nous, est assez important et représente plus de 60% de nos coûts variables.»

Or, poursuit-il, «depuis 2020, le coût du charbon a augmenté de plus de 140%. Cela veut dire que nos coûts de production ont explosé. Et la particularité de Dcs, c’est que nous avons atteint notre capacité maximale de production depuis 2020. Ce qui veut tout simplement dire que notre chiffre d’affaires n’augmente plus depuis 2020, alors que les coûts sont en train d’exploser. Et cela a un impact assez important sur nos résultats». Ce n’est pas tout.

«La crise actuelle qui secoue la Russie avec la guerre en Ukraine pose problème, puisque qu’une partie du charbon nous vient de la Russie. Si le marché russe ne peut plus livrer du charbon, cela veut dire qu’il va y avoir une tension sur les autres marchés. Et une tension veut tout simplement dire une augmentation des prix. Donc, il ne faut pas rêver, les coûts vont continuer à augmenter.»

A ce problème, s’ajoute, selon Ousmane Mbaye, le contexte sous-régional, avec la fermeture des frontières avec le Mali. «Nous exportons au Mali et cela représente presque 20% de notre chiffre d’affaires. Du coup, 20% de notre chiffre d’affaires a disparu.» Et ceci sans compter, l’augmentation des coûts du frêt pour les produits importés.

Ainsi, le Daf de la société Dcs d’interpeller l’Etat. «C’est un cri du cœur pour dire à l’Etat : «Attention c’est un signal.» Il faut aider les industriels. Depuis 2021, la situation devient de plus en plus compliquée. Et les perspectives ne sont pas bonnes. Si on ne fait pas gaffe, on va vers des lendemains très difficiles pour les différents industriels qui se trouvent au Sénégal.»

Et pour lui, la seule solution reste «l’augmentation du prix du ciment pour pouvoir survivre, sinon 2022 sera encore une année difficile pour les industriels». Même s’il reconnaît toutefois, que «c’est difficile pour l’Etat qui doit essayer de protéger le pouvoir d’achat des consommateurs», Ousmane Mbaye fera surtout noter qu’il «ne faut pas aussi oublier l’industrie, parce que sans industrie et sans production, il n’y a pas de pouvoir d’achat».

Et d’insister : « Le prix du ciment n’est pas cher au Sénégal, comparé aux pays de la sous-région et aux autres pays qui ont les mêmes ressources et les mêmes matières premières que le Sénégal et qui ont aussi des ports. Là-bas, le prix de la tonne de ciment tourne autour de 100 mille francs Cfa, ici, c’est entre 60 et 70 mille. Il faut aussi noter que le prix du ciment a été homologué depuis le mois de février, ce qui n’était pas le cas avant. L’Etat l’a fait tout simplement pour protéger le pouvoir d’achat des Sénégalais, mais il faudra qu’il tienne compte que les industries passent actuellement, des moments difficiles, avec des coûts qui explosent et qui continuent d’augmenter ».

Le Quotidien