Certes, nous ne l’avons pas bien connue car lorsque son mari quittait le pouvoir, nous étions des gamins. Mais les témoignages de ceux qui l’ont vue à l’œuvre sont unanimes et élogieux. Colette Senghor, qui vient de nous quitter, avait de la tenue et surtout de la retenue.
Elle était d’une grande élégance physique et morale. Personnellement,nous retenons d’elle quelques faits saillants qui en disent long sur sa personnalité. Jusqu’au bout, elle a veillé sur le vieux Président et a protégé jusqu’au bout son intimité.
On ne se souvient pas d’avoir vu cette dame, qui a tutoyé les cimes, s’épancher dans les médias. Lorsque l’illustre fils de Basile Diogoye a rejoint le royaume des ancêtres, elle l’a élégamment rendu aux siens et l’a accompagné jusqu’à Bel-Air où elle va désormais reposer à ses côtés et ceux de son fils unique Philippe, foudroyé à la fleur de l’âge par un cruel accident de la route.
Surtout, lors des obsèques de Senghor qu’elle a gérées avec une grande dignité, elle avait montré qu’elle avait un caractère trempé. Elle avait opposé une fin de non-recevoir et affiché un souverain mépris à l’égard de ceux qui avaient trahi son mari.
Dont certains avaient été parmi ses courtisans les plus obséquieux et qui, toute honte bue, voulaient se rendre à Verson pour lui présenter des condoléances .Une épouse comme celle-là, de nos jours, ne court assurément pas les rues. Les Romains, dans leur antique sagesse, disaient que « la femme de César doit être irréprochable». Mission accomplie, Madame Senghor!