En Colombie, un ex-chef de la guérilla des FARC et négociateur de l’accord de paix a été arrêté par la police lundi à Bogota. Selon le parquet colombien, Seuxis Hernández, alias Jesús Santrich, 50 ans, aurait continué à trafiquer de la drogue, après la signature de cet accord. Toujours selon le parquet, les preuves ont été fournies par Washington qui demande l’ex-guérillero en extradition. La FARC, le parti politique issu de l’accord de paix, dénonce un montage et la droite dure proche de l’ancien président Uribe, opposée à l’accord de paix, exulte.
« Ma main ne me tremblera pas s’il faut signer l’extradition de Jesús Santrich » a déclaré le président Juan Manuel Santos, lundi à la télévision, rapporte notre correspondante à Bogota,Marie-Eve Detoeuf. Le parquet colombien détiendrait des preuves « accablantes et irréfutables » contre l’ex-guérillero Santrich d’avoir participé au trafic de drogue après la signature de l’accord de paix de novembre 2016, selon le président colombien.
La droite dure se frotte les mains, qui accuse Juan Manuel Santos d’avoir négocié la paix avec des criminels, comme Ivan Duque, poulain de l’ancien président Uribe, et favori pour la prochaine présidentielle du 27 mai.
Pour la FARC et les partisans du processus de paix, l’arrestation de Jesús Santrich est une « attaque perfide » qui met le processus de paix en danger.
Jesús Santrich, qui s’était forgé une réputation de dur tout au long des négociations de paix, devait devenir sénateur en août prochain, en application de l’accord de paix qui octroie 10 sièges au Congrès à l’ancienne guérilla.
Alors, justice ou politique ? La question se pose d’autant plus que Donald Trump est attendu en visite officielle samedi prochain. Les États-Unis sont inquiets de l’augmentation de la production de cocaïne et menacent de réduire leur aide à la Colombie. A cinq jours de la visite de Trump, l’arrestation de Jesús Santrich est peut-être une coïncidence. Mais elle tombe bien pour les relations bilatérales.
rfi