La Colombie vient d’élire Ivan Duque au poste de président de la République. Le candidat de la droite l’a emporté avec près de 54% des voix face à Gustavo Petro, le candidat de la gauche qui a reconnu sa défaite. Le sort de l’accord de paix conclu en 2016 avec l’ex-guérilla des FARC fait partie des interrogations pour l’avenir.
avec notre correspondante Marie-Eve Detoeuf et notre envoyée spéciale,Lucile Gimberg
Il est devenu ce dimanche 17 juin le plus jeune président de l’histoire de la Colombie moderne. Mais Ivan Duque, 41 ans, apparaît surtout comme le dauphin de l’ex-président Alvaro Uribe et rend ainsi le pouvoir à la droite conservatrice opposée à l’accord de paix avec l’ex-guérilla FARC.
Candidat du Centre démocratique (CD), il l’a emporté avec 54% des voix contre 41,8% à Gustavo Petro, 58 ans, du mouvement Colombie Humaine, premier candidat de gauche à parvenir aussi loin dans une course présidentielle. Il a réussi l’impensable il y a quelques années pour la gauche en Colombie. Avec plus de 8 millions de votes, Petro prend la tête de l’opposition.
Affable et tout en rondeurs, Ivan Duque, récent sénateur, était arrivé en tête du premier tour le 27 mai devant l’ancien maire de Bogota et ex-guérillero du M-19 dissous, mais sans dépasser les 50% qui lui auraient permis de l’emporter d’entrée de jeu comme son mentor par le passé. Il succédera malgré tout au président sortant de centre-droit Juan Manuel Santos le 7 août, quelques jours après son 42e anniversaire.
Avocat passé par la Banque Interaméricaine de Développement aux Etats-Unis, Ivan Duque prétend réduire les impôts aux entreprises pour encourager la création d’emploi et il a promis la fermeté en matière de sécurité.
Opposé à l’accord de paix avec les FARC
Surtout, Duque compte apporter des modifications à l’accord de paix signé avec les FARC.
Ivan Duque représente cette moitié de la Colombie « indignée » par les « concessions » à l’ex-rébellion des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), en échange de sa reconversion à la politique après plus de 50 ans de guerre. « Cette paix dont nous avons rêvé, qui demande des rectifications, aura des corrections pour que les victimes soient au centre du processus, pour garantir vérité, justice et réparation » a t-il lancé ce dimanche soir.
Il a promis d’effectuer des « modifications structurelles » à l’accord de 2016 qui a permis le désarmement de 7 000 guérilleros. Si le nouveau président élu a assuré aux combattants de base qu’ils pourraient continuer leur intégration à la société civile, mais il veut empêcher les leaders des FARC responsables de crimes, d’accéder au Congrès comme cela est prévu dans le texte de l’accord, sans avoir avoué leurs crimes et sans être passés par la case prison.
Personne ne sait comment Ivan Duque envisage de corriger ce qui a été convenu. Mais, motif d’optimisme dimanche soir, la FARC, le parti issu de la guérilla, a émis un communiqué: « il est nécessaire que le bon sens s’impose» et les anciens guérilleros demandent rendez-vous à Duque.
Gustavo Petro s’est aussi prononcé sur le sujet. « Nous n’allons pas permettre que les gens du nouveau gouvernement renvoient le pays dans la guerre», a dit le candidat de la gauche. Or Gustavo Petro a fait un score historique, aussi Ivan Duque, même s’il dispose d’une confortable majorité, va t-il devoir gouverner avec une opposition solide, ce qui est peut-être une très bonne nouvelle pour la paix.