La droite opposée à l’accord de paix avec l’ex-guérilla FARC est arrivée en tête des législatives de dimanche en Colombie mais sans majorité, lors d’un scrutin historique auquel les anciens rebelles ont participé pour la première fois et à l’issue duquel ils ont fait leur entrée au Parlement. En tête de la coalition de droite, c’est le Centre démocratique du sénateur et ex-président Alvaro Uribe, farouche adversaire de l’accord avec les FARC, qui a recueilli le plus de voix, obtenant 19 sièges au Sénat et 33 à la chambre des députés.
Avec notre correspondante à Bogota, Marie-Eve Detoeuf
La première image de ce scrutin post conflit, c’est celle des anciens chefs guérilleros déposant leur bulletin de vote dans une urne pour la première fois de leur existence. La plupart, comme Pablo Catatumbo qui avait pris le maquis en 1975, n’avait jamais voté. A 64 ans, Catumbo va être sénateur en application de l’accord de paix qui octroie dix parlementaires au parti des FARC.
Dans les urnes, et c’est l’autre grand fait de la journée, l’ex-guérilla a obtenu moins de 0,4 % des voix. Un score qui ne va pas donner envie à l’ELN (Armée de libération nationale), la petite guérilla encore active, de déposer les armes.
Au Congrès, la droite toutes tendances confondues conserve sa majorité. La droite dure va tenter de freiner la mise en œuvre de cet accord de paix. Mais les petits partis, les Verts, la gauche et les évangélistes, qui sont favorables à cette mise en œuvre, ont créé la surprise en remportant 20 % des sièges. Les débats sur la mise en œuvre de l’accord de paix vont rester vifs.
En parallèle de ces législatives, la droite dure et la gauche radicale tenaient aussi leurs primaires pour désigner leur candidat à la présidentielle du mois de mai. A gauche, pas de surprise. C’est Gustavo Petro, l’ex-maire de Bogota, qui a emporté la primaire. Il arrivait depuis plusieurs semaines en tête dans les sondages, mais la primaire de la droite radicale va probablement changer la donne. C’est la deuxième image de la journée, celle d’Ivan Duque, qui a remporté haut la main la primaire de la droite radicale. Duque est le poulain de l’ex-président Alvaro Uribe, très hostile à l’accord de paix. Duque part maintenant en grand favori pour les présidentielles du 27 mai prochain.
rfi