Emmanuel Macron était ce mardi 6 mars à Agen, dans le sud-ouest de la France, où il visitait l’Ecole nationale d’administration pénitentiare. Le président a fait plusieurs propositions pour réformer l’administration pénitentiaire.
C’est une troisième voie entre « laxisme » et « répression » que souhaite Emmanuel Macron. Devant les élèves de l’Ecole nationale d’administration pénitentiaire, le président de la République a annoncé une réforme des peines de prison, pour essayer de les rendre plus efficaces et de lutter contre la surpopulation carcérale.
Le chef de l’Etat veut ainsi supprimer purement et simplement les peines inférieures à un mois. Selon lui, condamner un individu à un mois de prison est non seulement contre-productif mais engorge en plus les tribunaux et les maisons d’arrêt. Avec un taux d’occupation de 120 % au niveau national (et 200 % en région parisienne), la France figure parmi les pires élèves d’Europe. Dans la même logique, Emmanuel Macron propose que les peines de un à six mois soient effectuées en milieu ouvert.
Plus de peines alternatives
Pour les délits les moins graves, les juges seront donc encouragés à prononcer des peines alternatives, comme le port de bracelets électroniques ou des peines à domicile. Ces peines permettent de demeurer dans la vie active. C’est aussi un moyen de réaliser des économies, puisqu’une journée de prison coûte 100 euros à la société, contre 11 euros pour un bracelet électronique, et d’améliorer les conditions de travail des personnels pénitentiaires parfois débordés. Emmanuel Macron a également confirmé la création de 1 100 postes de surveillants, celle de 1 500 postes de conseillers d’insertion et de probation et celle de 7 000 places de prison.
Mais ces annonces ne font pas l’unanimité. Pour Laurence Blisson, secrétaire générale du syndicat de la magistrature, la suppression des peines de prison inférieures à un mois n’est qu’une mesure « gadget ». Car les juges pourraient être tentés de prononcer des peines de deux mois. L’objectif présidentiel ne serait alors pas atteint. « Ce qu’il fallait, c’était prévoir de manière beaucoup plus radicale que certains délits ne fassent pas encourir de la prison », estime Laurence Blisson.
Du côté des syndicats de surveillants, on regrette que les annonces ne répondent pas au problème majeur du recrutement. « Il n’y a rien de nouveau, rien de concret. Les 1 100 surveillants qui vont être annoncés sur quatre ans vont être totalement englobés par le manque d’attractivité du métier de surveillant pénitentiaire », prédit Thibault Capel, délégué Force ouvrière de la pénitentiaire à la prison de Fleury-Mérogis. « Les salaires ne suivent pas. Il n’y a aucune reconnaissance indemnitaire en terme de salaire », dénonce-t-il. Et ce manque de surveillants pourrait bien provoquer une augmentation des problèmes sécuritaires.
rfi