Comment la guerre en Ukraine est devenue un miroir tendu à Taïwan

Comment la guerre en Ukraine est devenue un miroir tendu à Taïwan

Depuis le début de l’invasion russe, le gouvernement et les citoyens Taïwanais se mobilisent pour soutenir l’Ukraine. Avec en toile de fond, la crainte de connaître un sort similaire.

De notre correspondant à Taipeh,

Des bâtiments officiels décorés aux couleurs du drapeau ukrainien, un fonds de solidarité pour soutenir les réfugiés, et des manifestations de soutien hebdomadaires : à quelques 8 000 kilomètres de Kiev, les Ukrainiens peuvent compter depuis le début de l’invasion russe sur un soutien en apparence inattendu. « Les Taïwanais sont adorables avec moi, raconte avec émotion Daria Zheng, ressortissante ukrainienne installée à Taïwan depuis six ans. Dans le taxi ou au restaurant, les commerçants refusent que je paye dès qu’ils apprennent que je suis Ukrainienne ! Ils sont vraiment à fond derrière nous ».

Cette solidarité lointaine n’est pas un hasard. Archipel démocratique et souverain situé à 200km des côtes chinoises, Taïwan est sous la menace permanente de son puissant voisin. La Chine, qui s’arroge des droits historiques sur l’archipel, a depuis deux ans joint le geste à la parole en envoyant régulièrement ses avions militaires patrouiller dans la zone identification aérienne taïwanaise.

« Les Taïwanais voient leurs craintes les plus profondes se concrétiser en Ukraine, analyse Zsuzsa Anna Ferenczy, chercheuse post-doctorante basée à Taipei et ancienne conseillère au Parlement européen. Je crois que cet élan de solidarité est aussi un moyen pour eux d’exprimer cette peur, en se mobilisant face à une situation qu’ils cherchent également à éviter ».

Pour canaliser cette volonté d’aider, le gouvernement taïwanais a mis sur pied un fonds de donation, lequel a récolté à ce jour près de 14 millions d’euros. « Il y a aussi des milliers de dons en nature, c’est très touchant », ajoute Daria, qui a aidé à empaqueter les colis dans les sous-sols du ministère, et dont la mère et le jeune frère sont réfugiés en Pologne.

RFI