Comment le pouvoir instrumentalise Mbaye Touré pour enfoncer Khalifa Sall

Dans le groupe des prévenus du procès dit de la caisse d’avance de la mairie de Dakar, il y a un maillon faible. Supportant mal la prison et obsédé par le désir d’en sortir, Mbaye Touré, directeur administratif et financier (DAF) de la mairie, a très vite accepté un deal: être libéré s’il mouille Khalifa Sall.

De prime abord, l’action engagée contre ce dernier s’est fondée sur une information fournie à l’IGE par Mbaye Touré selon laquelle c’est à Khalifa Sall qu’il remettait, main à main, chaque mois, les 30 millions tirés de la caisse d’avance. Autrement, le maire, dont la signature et des traces de manipulation d’argent n’existent nulle part, n’aurait pas pu être poursuivi.

Entré dans le procès avec la stratégie claire de se décharger sur son patron, Mbaye Touré est le seul des prévenus à ne pas s’être satisfait des avocats commis par Khalifa Sall pour les défendre tous. Il a commis, pour sa défense à lui seul, Leyti Ndiaye, Bamba Cissé et Youssou Camara qui ont clairement adopté comme ligne de dire que leur client n’est plus responsable de rien dès lors qu’il a remis les fonds au maire.

Mais, si Khalifa Sall a concédé au tribunal que les fonds étaient mis à sa disposition, il a contesté qu’ils lui aient été remis. Et puis, aux termes du décret 62-195 qui régit la fonction des comptables publics, le DAF engage au contraire sa responsabilité pour avoir remis des deniers publics sans y être juridiquement autorisé.

Soutenu par une importante autorité maraboutique mouride, Mbaye Touré, qui remplit à merveille sa part du contrat avec le pouvoir, à savoir mouiller jusqu’au cou Khalifa Sall, devrait être libéré aux termes du procès. Mais, à quel prix ? Il doit méditer cette phrase que lui a lancée un autre prévenu, Mamadou Oumar Bocoum: « Il y a une vie après ce procès. »

 

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