Un émigré, polygame, qui avait réussi à collecter les images obscènes d’une vingtaine de femmes, dont des mariées, dans le but de les faire chanter, en échange d’un rapport sexuel ou de l’argent, a été arrêté par la gendarmerie de Kébémer. Son stratagème est des plus sordides.
Marié à deux épouses, M. N, un Modou-Modou en vacances au Sénégal, ne va plus profiter pas de ses jours de congé. Et pour cause : ce père de famille s’est fourré dans une renversante histoire de mœurs qui risque de l’éloigner davantage de sa famille vivant dans le département de Kébémer. Le mis en cause, qui avait collecté les images obscènes de plus d’une vingtaine de femmes, dans le but de les faire chanter, moyennant une partie de sexe ou la remise d’une forte somme d’argent, a été finalement arrêté par la gendarmerie de Kébémer. Seulement, très futé et rusé, «cet as de l’Internet» a donné du fil à retordre aux forces de sécurité avant de tomber.
La redoutable Section de recherches de la gendarmerie de Colobane (Dakar) a été la première à se lancer à ses trousses, après avoir reçu d’une plainte contre X déposée par une étudiante. Le mis en cause qui n’a jamais décliné sa véritable identité, envoyait à la plaignante ses propres photos obscènes par le biais de l’application WhatsApp, avant de menacer de les diffuser largement, si celle-ci ne satisfaisait pas ses désirs sexuels. Après avoir pris connaissance de ces informations, les enquêteurs décident d’ouvrir une enquête et utilisent des techniques modernes pour localiser l’émigré à Dakar. Flairant le coup, l’homme réussit à brouiller les pistes en restant injoignable, durant des jours.
Le rendez-vous dans une auberge de Thiès
L’étudiante qui pensait que son bourreau a lâché prise, va vite déchanter. Une nuit, alors qu’elle se préparait pour aller au lit, elle a reçu l’appel du fantôme. D’un ton menaçant, son interlocuteur fixe un rendez-vous à la fille dans une auberge de Thiès. Rassurée par les gendarmes, elle accepte de répondre à l’invitation. Arrivée à destination, elle câble son interlocuteur en lui indiquant sa position et son habillement. M. N qui avait déjà occupé une chambre dans une auberge, demande à un chauffeur de taxi, d’aller récupérer la fille. Quelques minutes plus tard, le taximan qui avait à son bord l’étudiante et des éléments de la police, revient sur les lieux. Le Modou-Modou remarquant que sa proie n’est pas seule à bord du véhicule fond dans la nature.
Le piège de la gendarmerie de Kébémer
Seulement plus que jamais décidé à passer du bon temps avec l’étudiante, M.N, tente une seconde fois sa chance en appelant la fille. L’insulte à la bouche, il la menace : «L’autre jour, je t’ai vue à bord véhicule en compagnie de trois hommes, dès ce soir, je vais diffuser tes images, car tu veux me faire arrêter.» L’étudiante qui dit ne pas connaître les gens qui étaient à bord du véhicule, supplie le Modou-Modou de ne pas diffuser les photos obscènes. Pensant retourner la situation en sa faveur, M.N fixe un autre rendez-vous, cette fois-ci à Kébémer. Le mercredi, date de la rencontre, à 11 heures déjà, la plaignante était dans les locaux de la gendarmerie, où elle recevait les consignes des hommes en bleu, déjà avisés par leurs collègues de la Section de recherches. Briefée, la Dakaroise câble le présumé maître chanteur pour lui annoncer sa venue. Le point de rencontre est vite trouvé : devant le siège de la Cbao sur la route nationale. Les gendarmes prennent les devants en affrétant plusieurs motos Jakarta pour suivre de très près les moindres mouvements de la jeune fille. Sur le lieu du rendez-vous, un Jakartaman vient vers elle et lui demande de le suivre. Elle obtempère. Après quelque 200 mètres de course, le conducteur de la moto s’arrête et la jeune fille s’installe à bord d’un véhicule particulier qui fait mouvement vers une auberge située en centre-ville. Le chauffeur qui n’est personne d’autre que le maître chanteur ignore qu’il est filé par les gendarmes. Une fois sur les lieux, il conduit sa proie dans une chambre, avant de sortir pour lui chercher à manger. Dès qu’il démarre son véhicule, les gendarmes en civil se pointent devant lui. Pris la main dans le sac, M. N, pour se tirer d’affaire, allègue ne pas connaître la jeune fille, mais les images obscènes trouvées dans ses deux téléphones portables l’enfonceront.
Plus de 20 victimes décomptées
L’enquête a révélé que le polygame déroulait un modus operandi des plus huilées pour convaincre ses crédules victimes, qui ont dépassé la vingtaine. Il lançait des demandes d’invitation aux jeunes filles sur Facebook. La première qui accepte est mise en rapport avec un prétendu partenaire européen qui pourrait l’aider financièrement dans ses activités. En réalité, c’est lui qui se cachait derrière ce profil du partenaire. Il utilise son «statut de riche partenaire» pour demander à ses nombreuses victimes de lui envoyer des photos obscènes moyennant une forte somme d’argent. Une fois en possession de ces images obscènes, il demande à sa victime de lui communiquer son numéro de téléphone afin qu’il puisse lui envoyer de l’argent. Mais à la place d’argent, il envoie par WhatsApp les images à sa cible : «Voilà tes photos, il faut m’envoyer de l’argent ou accepter de coucher avec moi, sinon je les publie…», menace-t-il. M. N qui avait réussi la prouesse de collecter les images d’une vingtaine de victimes, dont des femmes mariées, a été conduit hier jeudi, sous bonne escorte dans les locaux de la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane (Dakar.)
igfm