Comores: les ressorts historiques et politiques de la crise avec la France

La question migratoire brouille les relations entre la France et les Comores. Depuis le 21 mars, le président Azali refuse de laisser rentrer sur son territoire les citoyens comoriens refoulés de Mayotte, l’île sous administration française. En réponse, la France a décidé de suspendre la délivrance de visas aux ressortissants comoriens. Cette crise migratoire est vécue par l’archipel sur fonds de revendication historique : Pour Moroni, Mayotte est comorienne. Lors du référendum de 1975, les Mahorais ont souhaité rester Français. Mais le président Azali a aussi un agenda personnel dans cette crise qui dure.

« La décision de la France est non-évènement… attendu par ailleurs » : la réponse du ministre des Affaires étrangères comorien n’a pas tardé. Mohamed El-Amine Souef a rencontré à Paris le 19 avril son homologue Jean-Yves Le Drian. Ce jour-là, aucune solution à la crise n’a été trouvée.

Lors de cet entretien, le chef de la diplomatie française a estimé que Mayotte ne pouvait supporter cet afflux régulier de Comoriens sur les plans économique, social et politique. Et il a répété l’attachement de Mayotte à la France. Une polémique qui dure depuis que les Mahorais ont décidé de rester français en 1975.

Union nationale derrière le président

Sur un plan intérieur, cette mesure du président Azali de refouler les Comoriens expulsés de Mayotte satisfait toute la classe politique, même l’opposition et la société civile. Le président comorien espère ainsi profiter pour quelque temps d’une certaine union nationale avec, de nouveau brandie, la revendication historique d’une Mayotte comorienne.

Le président Azali joue une mauvaise carte politique, assure-t-on. Fin juillet, Azali Assoumani a décidé d’organiser un référendum pour changer la Constitution et changer d’abord une des grandes règles de la présidentielle : le mandat du président sera renouvelable une fois, si les Comoriens disent « oui » à ce référendum.

Pendant quelques semaines encore, Azali a besoin de faire bloc sur sa personne pour rester au pouvoir. Se fâcher un peu avec la France peut être payant sur le plan électoral.  Mais ce serait aussi plonger le pays dans une crise politique, car les partis d’opposition sont contre cette réforme. La présidentielle pourrait être organisée dès le premier trimestre 2019. Azali entend bien se représenter. Pour Paris, une instabilité et des troubles politiques aux Comores, qui viendrait s’ajouter à une crise migratoire, est inacceptable.

 

 

 

RFI