Lors de notre précédente contribution, il avait été fait état de la perception du développement en Afrique selon ce triptyque :
– social
-environnemental
-économique
Donc à travers ce chapitre, on abordera le plan social du sujet qui sera sa clé de voûte, tout en ayant un effet domino sur l’environnement et l’économie.
« Le sous-développement sénégalais est à 95% comportemental», tous ceux qui ont un sens minimum d’observation pensent en attester. Le Sénégal est le pays des paradoxes. On aime vivre au-dessus de nos moyens, l’épargne est quasi inexistante dans ce pays car les fêtes musulmanes, gamou, ziar et magals, fêtes chrétiennes, baptêmes, décès, réception de mariages, fêtes d’anniversaires sont autant de goulots d’étranglements dont la nécessité ne s’explique pas.
Sans compter que personne ne respecte personne et personne ne respecte ce pays où l’on voit un apprenti de car rapide, en plein milieu de la circulation pisser sur le bitume sans qu’aucun citoyen daigne l’interpeller ou le remettre à l’ordre, et avec ça on s’étonne du laxisme de nos autorités que ne sont que nos pâles copies.
L’indiscipline sur les routes empêche aux gens d’arriver à l’heure au boulot ou au rendez-vous, et on ne compte plus le nombre d’accidents causés plus par négligence qu’autre chose et ne comptez pas sur ces chauffards venus du fin fond de la brousse, pour avoir un soupçon de remords ou un cas de conscience, détrompez-vous, seul le bâton peut quelque chose contre eux.
Dakar est un marché à ciel ouvert où se côtoient le panneau de la pharmacie et l’affiche du guérisseur garabou-garabou vantant les mérites de ses produits virils et à propos de viril, personne n’est semble-t-il choqué par ces affiches dans toutes les artères et ronds-points de Dakar, qui avec un langage cru, promettent de guérir les « impuissances sexuelles » ou de redonner de la vigueur aux hommes mariés. Personne ne pense aux enfants qui vont lire ces affiches et qui verront leurs innocences en prendre un sacré coup. Et se dire que c’est des adultes sénégalais qui font l’apologie de la perversion, sans prendre en compte l’avenir qui est représenté par la jeunesse, c’est sidérant.
Et c’est le même cas de figure qui se reproduit dans toutes les couches de la société ou les enfants sont les laissés pour compte. Un homme qui ne peut se prendre en charge ose épouser plus de deux femmes et avoir plus de 6 enfants dont il ne pourra pas convenablement subvenir à leurs besoins, ne doit pas s’étonner si ses enfants prennent le mauvais chemin (prostitution, drogues, délinquances) car l’éducation d’un enfant demande du temps et des moyens, ce qui manque presque à tous ceux s’aventurent dans la collection de conquêtes féminines.
La discipline est le parent pauvre de la société sénégalaise où l’autorité de l’état se fait de plus en plus faible et conciliant avec des jeunes qui durant toutes leurs vies se sont fait assister et qui veulent coûte que coûte réussir dans la fonction publique, n’ayant que faire de la culture entrepreneuriale.
Dans un autre registre comme Ibou Fall l’a bien dit dans « les Sénégalaiseries », les sénégalais se sont engagés dans la construction de mosquées dont même le seigneur n’en sait la date d’achèvement.
La construction de mosquées dans des quartiers où existe déjà plus de deux mosquées relève plus de l’égoïsme des sénégalais qui préfèrent la récompense future du paradis avec la construction d’une mosquée que la reconnaissance des citoyens avec la construction d’hôpitaux ou d’école. Le but ultime de l’Islam n’est-il pas de rendre les conditions de vie présente de l’homme meilleur ? Paradoxe bien sénégalais : négliger le présent pour se projeter dans un futur incertain.
Et pour finir, on fait semblant de travailler, ce qui fait que depuis les indépendances, le tissu économique s’est délité. On veut tout être riche sans faire des efforts, ce qui est la cause du détournement des politiciens, favorise la spéculation foncière et commerciale de nos marchands. L’escroquerie est érigée en mode de vie ici et la prolifération de faiseurs de miracles, nourris par la populace, vivant comme des nababs n’est pas prêt de s’arrêter. et tout ceci n’est que la face visible de l’iceberg car d’autres comportements répréhensibles se font au vu et au su de tout le monde.
Pour dire vrai, le chantier de la refondation nationale n’est pas celui du président ou d’un « messie » mais bien celui de tous car le changement commence par le bas pour avoir un impact sur le sommet. Si chaque sénégalais s’engageait à arrêter ces actes anti-patriotiques et à travailler réellement, ce pays aurait réglé 95% de ses problèmes de développement et a ce moment on pourrait réellement d’un début d’émergence.
Toumany Etienne Camara Actuvision.com