Confiance des Français dans les médias: la baisse continue

Comme chaque année, le baromètre La Croix-Kantar 2019 de la confiance des Français dans les médias fait l’état des lieux de cette relation complexe qu’ont les citoyens avec la presse écrite, mais aussi la télévision, la radio et internet.

La radio garde la position qu’elle a depuis une vingtaine années, d’être le média le plus crédible, même si son score n’est pas excellent. 50 % des Français estiment que les radios racontent les choses telles qu’elles se passent. Mais pour d’autres médias, c’est pire : seuls 44% des sondés jugent la presse écrite crédible, pour la télévision ce chiffre descend à 38%.

Tous les médias ont perdu de la crédibilité par rapport à l’année dernière : moins 6% pour la radio, moins 8% pour la presse écrite et moins 10 % pour la télévision. « On constate que la confiance n’est pas au rendez-vous », souligne Guillaume Goubert, le directeur de La Croix, « et qu’elle a même enregistré cette année un décrochage assez sensible pour les médias. »

Les raisons de ce décrochage ? Pour Guillaume Goubert « c’est tout ce qu’on a entendu ces derniers mois autour des ” gilets jaunes “. Les personnes ont le sentiment que cela ne se passe pas comme eux le ressentent. C’est là qu’il y a un gros enjeu pour notre métier : c’est de faire comprendre que nous sommes des médiateurs, que nous utilisons un certain nombre de techniques de travail. On ne prend pas des propos bruts, on opère un tri, mais ce tri n’est pas dicté par une idéologie. Quand il y a deux propos, on prendra celui qui est le plus clair, celui qui est le mieux exprimé. Cela peut nous amener à écarter un point de vue qui sera exprimé de façon moins précise ou plus dispersée. »

Selon le baromètre, les sondés doutent également de l’indépendance des journalistes. 69% pensent que ces derniers ne résistent pas aux pressions des partis politiques et du pouvoir, et pour 62% des interrogés, les journalistes cèdent aux pressions de l’argent.

La bonne nouvelle : les Français s’intéressent à l’information

La majorité des Français, 67%, suivent pourtant l’actualité racontée par les médias avec intérêt. Pour Guillaume Goubert, le directeur de La Croix, c’est le principal enseignement de cette étude : « Ce qu’il faut retenir, c’est d’abord un intérêt énorme pour l’information qui est cette année à un niveau particulièrement élevé. C’est lié notamment à ce qui s’est passé avec le mouvement des ” gilets jaunes “. »

Les médias ne parlent pas assez du climat

Le baromètre aborde également les sujets « dont on n’a pas assez parlé ». En tête de ces sujets : le climat. 54% des sondés estiment en effet qu’ils auraient souhaité en savoir plus sur la marche pour le climat organisée dans de nombreuses villes à l’automne 2018. Et seuls 32% estiment que le dérèglement climatique et ses conséquences sont bien traités par les médias.

Pour Anne-Sophie Novel, réalisatrice du documentaire « Les médias, le monde et moi », il y a « bien sûr une attente des lecteurs, des auditeurs et des téléspectateurs. Les chiffres prouvent que la couverture est estimée comme étant insuffisante. Cet été, on a eu la canicule, des sécheresses, des incendies et une démission de ministre flagrante. Et il y a la pétition de l’Affaire du siècle. Ce sont des éléments qui prouvent que cette préoccupation devient aujourd’hui fondamentale. Je pense qu’il y a une inquiétude de la part du public sur ces questions du climat, de l’environnement, de la disparition du vivant et comment on s’adapte dans ces conditions. Et peut-être que les rédactions devraient se dire : est-ce que notre grille de lecture du monde d’un point de vue éditorial ne devrait pas en faire une priorité ? J’en suis convaincue depuis longtemps. Le monde dans lequel on est, ne fonctionne plus pareil. On ne peut pas garder une grille de lecture du XXe siècle pour traiter ce qui se passe dans le XXIe siècle. »

Pour Anne-Sophie Novel, une chose est donc sûre : les préoccupations liées au climat et à l’écologie doivent dorénavant occuper le devant de la scène.

 

Rfi