Confinement au Zimbabwe: la population menacée par une grande précarité

Après l’Afrique du Sud vendredi, c’était au tour du Zimbabwe, ce lundi 30 mars, de demander à sa population de rester chez elle. Un confinement de 21 jours pendant lequel seules les personnes travaillant dans le secteur de la santé et la sécurité pourront se rendre sur leur lieu de travail.

Les rues d’Harare, la capitale, étaient désertes ce lundi. Quasiment tous les magasins étaient fermés, aucune voiture ne circulait. Seuls quelques supermarchés du centre-ville étaient restés ouverts. Il faut dire que la police et l’armée avaient été déployées en nombre pour s’assurer du respect du confinement.

Tout au long du week-end, des milliers de Zimbabwéens ont également quitté la capitale pour rejoindre leur province d’origine. Ils espèrent qu’il y sera plus facile et surtout moins cher de rester confiné pendant trois semaines.

L’association zimbabwéenne des médecins des hôpitaux s’est félicitée de cette mesure. « Nous n’avons pas les moyens matériels et financiers de faire face à une telle épidémie », indique un de ses membres. « Nous n’avons même pas de masques pour nous protéger », ajoute d’ailleurs ce médecin.

Moins d’une dizaine de cas
Officiellement, le Zimbabwe a moins d’une dizaine de cas déclarés de coronavirus. Mais les organisations de médecins estiment que ce chiffre est largement sous-évalué, le gouvernement n’ayant quasiment pas effectué de tests de dépistage.

Ce confinement est nécessaire, mais il va être difficile pour une grande partie de la population, admet Itai Rusike, un professionnel de la santé. « Dans une économie normale, c’était la bonne décision à prendre, mais le problème ici, c’est que la majorité de la population ne va pas pouvoir se permettre de rester confinée. Notre économie est dominée par des emplois informels, la plupart des gens sont des travailleurs indépendants et vivent au jour le jour. Ils n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture pour plusieurs jours, sans un salaire quotidien. »

À cela s’ajoute le fait que certains quartiers de la ville n’ont pas l’électricité, ce qui rend le stockage de la nourriture plus difficile, et qu’il n’y a pas d’eau courante. Il faut souvent se déplacer pour s’approvisionner. « Nous allons donc devoir attendre et voir comment les plus défavorisés, les plus vulnérables s’en sortent et arrivent à rester chez eux sans travailler. La vie était déjà très difficile avant le confinement pour les plus pauvres », poursuit Itai Rusike.

À cette précarité s’ajoute une inflation galopante, plus de 500% pour le mois de février 2020. Il y a quelques mois, le Programme alimentaire mondial de l’ONU mettait en garde : le Zimbabwe fait face à la pire crise alimentaire depuis dix ans, avec la moitié de sa population, soit plus de sept millions de personnes, en insécurité alimentaire.

RFI