« Confinement général – Unique salut de l’économie sénégalaise » c’est l’avis du Docteur en Droit économique Mbaye Jean Marie Diouf sur le coronavirus.
« Quel extraordinaire puzzle qu’est cette pandémie ! Que d’énergies, que d’incertitudes, que de jours à compter pour que ce tableau cauchemardesque voire surréaliste prenne fin.
Le contexte de cette pandémie de Coronavirus (« Coronavirus Disease 2019 » ou « Covid-19 » pour être plus précis) a ceci de particulier qu’il plonge les acteurs de l’économie dans l’inconnu et trop souvent dans un engrenage fatal. Le risque sanitaire est maximal et le tribut économique payé par l’économie au COVID 19 colossal. Tout s’est arrêté puisqu’il faut stopper la vie urbaine pour ne pas risquer la mort mais cette sidération entraîne le même phénomène dans des activités plus immatérielles, avec à la clef moins d’investissements et l’arrêt des activités économiques… Cette équation met en péril tout l’échafaudage de l’économie et de la finance mondiale.
Les pouvoirs publics, les acteurs économiques sont face à l’adversité.
Alors que l’urgence sanitaire mondiale Covid-19 se poursuit, les répercussions économiques se multiplient. La croissance économique mondiale s’est inversée, les entreprises ont commencé à annuler les services qu’elles assurent à leurs clients et des millions de personnes sont au chômage technique ou licenciées.
Le Covid-19 met fin au mirage du « moins d’Etat ».
Face à cette pandémie, les réactions les plus fortes ont eu lieu en Chine : la province du Hubei et ses 56 millions d’habitants ont été entièrement confinés depuis le 23 janvier, tous ceux qui rentrent à Pékin – les 8 millions de travailleurs chinois migrants mais aussi les étrangers – ont été forcés de se placer en quarantaine pour une durée de quatorze jours, etc.
Au Sénégal, plusieurs mesures sanitaires décidées depuis une dizaine de jours par le gouvernement – fermeture des écoles, état d’urgence, couvre-feu, limitation des déplacements – qui ont mis une bonne partie du pays à l’arrêt, avec des risques de défaillances en série augmentés puisque, cette fois, ce sont les chaînes d’approvisionnement nationales et locales qui vont être affectées, si cela devait trop durer.
Nous nous intéressons plus particulièrement aux Petites et Moyennes Entreprises au nombre desquelles une quasi-totalité informelle (97%) traverse aujourd’hui une crise structurelle historique.
Une batterie de mesures a été proposée ces derniers jours par d’éminents experts de l’écosystème entrepreneuriale.
Mais pour sauver notre économie il faudrait faire preuve de plus d’audace face à ce virus malicieux. Politiquement, c’est sans doute compliqué, mais c’est absolument nécessaire. Et le moment est opportun.
Le stress test planétaire a montré que le coût de l’inaction est bien plus élevé que celui de l’action et de l’anticipation.
Si le virus se propage par la mobilité des personnes, il faut un arrêt total afin de limiter le choc économique qu’il provoque. Les nombreuses entreprises qui se retrouvent dans une situation économique précaire doivent faire face à une crise dont les effets conditionneront leur survie à court terme. Donc plus la crise dure, les chances de survie seront minimes. D’où la nécessité de mesures d’urgence pour soutenir l’économie afin que le choc temporaire ne se transforme pas en une contraction permanente.
Il est par-dessus tout important de respecter le principe de précaution qui est la norme de référence pour les actions et politiques publiques dans le domaine de la santé publique et vise l’attitude à adopter face à des « risques collectifs potentiels ».
L’impossibilité d’adopter une mise en forme probabiliste établie de façon objective et scientifique conduit l’action publique à se guider en fonction d’autres repères : aux procédures d’expertise scientifique s’adjoignent les procédures de débat public et de concertation avec les parties intéressées.
Cette démarche empruntée par Son excellence, Monsieur Macky Sall, Président de la République qui a initié une concertation nationale, légitime dès lors des mesures à atteindre un maximum de précautions sanitaires dont le confinement général. Son objectif ne saurait être de tout faire pour empêcher absolument la réalisation d’un dommage potentiel notamment économique, même grave et irréversible, voire apocalyptique, mais une nécessité d’une prévention précoce, somme toute proportionnée des risques potentiels.
Plusieurs pays ont décidé d’acter pour lutter contre cette pandémie. En effet, des mesures de confinement général, la fermeture des écoles, des services publics et de certaines entreprises ont été ordonnées.
D’autres pays ont estimé que la vie ne doit pas s’arrêter. Hélas, leur vie se poursuit dans les hôpitaux et les cimetières. Aujourd’hui, malgré les mesures drastiques prises par un nombre croissant de pays, le coronavirus continue de se propager. Il n’y’a pas une exception africaine, sénégalaise.
« Nous voulons sauver le maximum de vies. On récupérera tout le reste, mais on ne récupérera pas une vie ».
Les experts s’accordent à dire que seules des politiques de « distanciation sociale », c’est-à-dire isoler les gens les uns des autres pour éviter qu’ils ne se contaminent et propagent la maladie, peuvent enrayer la progression de la pandémie. Mais les consignes ont parfois du mal à passer.
La « guerre » au virus se déroule aussi sur le terrain de l’économie et social.
Le Chef de l’État, Son Excellence Monsieur Macky Sall, a pris les devants en créant un fonds national d’un montant initial de 1000 milliards FCFA, dénommé Force Covid19, ouvert aux contributions financières. Le fonds Force Covid19 servira principalement à soutenir les entreprises, les ménages mais aussi la Diaspora.
Il est ainsi urgent d’approvisionner en vivres les couches vulnérables, de procéder à un confinement général de trois semaines avec des dépistages systématiques dans toutes les zones affectées, une mise en quarantaine des tous les cas contact dans des sites dédiés, un dépistage pour toutes les dérogations au déplacement et un traitement des cas avec les protocoles éprouvés.
Payer quelques semaines de souffrance est meilleure que de payer la disparition de plusieurs milliers de PME qui devront attendre longtemps, plusieurs années avant de se reconstruire.
A cela viendront s’ajouter toutes les mesures de relance notamment de soutien aux PME au titre desquelles celles proposées par l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME) pour permettre aux PME de repenser leur travail et de faire face à leurs obligations financières, sociales et contractuelles. L’après crise dessine de nouvelles opportunités pour les entreprises de tout secteur qui vont innover et être créatives.
Mbaye Jean Marie DIOUF
Docteur en Droit économique
mbayejmdiouf@gmail.com