La mort de Astou Sokhna était «évitable», selon le ministre de la Santé. Hier, encore, une femme enceinte qui aurait été programmée pour une opération, a vu son rendez-vous reporté à ce vendredi. Parce que la grève des agents de santé a fait ses effets à Gaspard Kamara.
Les journalistes sont indésirables au centre de santé Gaspard Kamara. L’ordre a été donné ce matin du jeudi 21 avril aux vigiles qui gèrent les entrées et les sorties. Et en cette «journée sans blouse» décrétée par les travailleurs de la santé, les patients n’entrent que pour constater le respect du mot d’ordre de grève.
Mme Diatta, qui a quitté Guédiawaye, accompagne une femme enceinte, presqu’à terme. Pour une consultation prénatale, elle a été renvoyée, dit-elle. «Je suis arrivée ici vers 6 h du matin et ce n’est qu’à 9h exactement, que le médecin a vu mon malade. Après quelques minutes de consultation, il lui a signifié qu’il ne pourra la prendre en charge que demain, parce qu’ils sont en grève.
C’est une femme enceinte qui devait accoucher depuis le 12 et qui avait d’ailleurs été programmée pour une opération. Je pense qu’ils auraient dû l’opérer aujourd’hui. C’était plus prudent», a dit, navrée Mme Diatta. Sans doute l’esprit au scénario qui a emporté Astou Sokhna à l’hôpital Amadou Sakhir Mbaye de Louga. Une affaire qui est justement à l’origine de cette grève générale de 24 heures dans le secteur de la santé. Une situation qui fait sortir cette autre femme, de ses gonds.
Elle laisse entendre que le service minimum n’est même pas respecté dans ce centre de santé. Elle préconise des sanctions.
«Les gens sont malades mais ne peuvent pas voir un médecin parce qu’ils sont en grève. Le Président doit prendre des mesures fermes et sanctionner. Dans ce pays, on ne sanctionne pas. Voilà pourquoi les gens font ce que bon leur semble. Je ne saurais vous dire ce que je vais faire à présent. Elle va peut-être venir et accoucher juste devant l’hôpital», fulmine-t-elle.
Un autre patient pour une autre consultation. Baye Fall a fait un choc avec son scooter la veille. Lui aussi devra encore attendre au moins 24h, avant de rencontrer un médecin.
«Je trouve que ce n’est pas normal. Il est difficile de voir un médecin au Sénégal quand on est malade. Un pays surnommé pays de la Téranga. Quel paradoxe ! Je pense que le président de la République doit sévir. Nous patients venons tôt le matin et les médecins que nous rencontrons, ne se soucient nullement de notre état de santé», ajoute-t-il.
Des patients qui regrettent cette grève consécutive au décès de Mme Astou Sokhna. Une mort qui a suscité l’émoi parce que, comme l’indique le rapport du ministre de la Santé, c’était «évitable». Une enquête judiciaire a été ouverte et des agents de santé ont été placés sous mandat de dépôt. Le procès est prévu ce 27 avril.
Bes Bi