La Cour constitutionnelle sud-coréenne a rejeté vendredi 27 décembre une requête déposée par des victimes de l’esclavage sexuel perpétré par des Japonais en temps de guerre. Ils s’opposaient à un accord conclu entre Séoul et Tokyo en 2015 à ce sujet.
De notre correspondant à Séoul, Louis Palligiano
Après près de quatre ans de délibération, la Cour constitutionnelle sud-coréenne a fini par trancher : l’accord conclu entre le gouvernement de Park Geun-hye, la présidente de l’époque, et le Japon de Shinzo Abe, pour résoudre « définitivement et irréversiblement » la question des « femmes de réconfort » en 2015, est « politique ». Il n’est donc pas juridiquement contraignant.
Les juges ont rendu leur décision à l’unanimité, en réponse à une pétition déposée par 29 victimes de l’esclavage sexuel pratiqué par le Japon en temps de guerre, et 12 proches. Les plaignants considèrent que le pacte de 2015 viole les droits fondamentaux des « femmes de réconfort ». Ils demandent à Tokyo des excuses sincères et que la responsabilité juridique des atrocités soit assumée.
Le pacte signé en décembre 2015 prévoyait la création d’une fondation de soutien aux victimes encore en vie. Tokyo y a contribué à hauteur d’1 milliard de yens, soit 8 millions d’euros. Néanmoins, l’administration du président libéral Moon Jae-in a qualifié l’accord de « gravement défectueux » et a dissout la fondation l’année dernière. Le Japon a protesté, affirmant qu’il s’agissait d’une violation de l’accord.
L’impact sur les relations entre les deux pays
L’audience de la Cour a suscité beaucoup d’attention en raison de son impact potentiel sur les relations diplomatiques déjà tendues entre les deux pays voisins. Les relations entre Séoul et Tokyo demeurent en effet conflictuelles sur fond de questions liées à l’indemnisation du travail forcé sous le joug colonial nippon et aux restrictions d’exportation de matériaux clés vers la Corée du Sud.
Selon les estimations, jusqu’à 200 000 femmes, principalement des Coréennes, ont été contraintes de travailler dans des bordels militaires pour les troupes impériales japonaises pendant la Seconde Guerre mondiale. Il n’existe aujourd’hui plus que 20 survivantes coréennes recensées.
rfi