Le coronavirus a été repéré dès la fin du mois de décembre 2019 par une intelligence artificielle. Dix jours avant l’OMS (l’Organisation Mondiale de la Santé), un algorithme développé par la firme canadienne BlueDot a en effet identifié les premiers signes de l’épidémie en Chine. Pour y parvenir, l’IA a récolté une impressionnante montagne de données sur Internet.
Personne n’avait vu venir la crise du coronavirus en Chine…sauf cette intelligence artificielle conçue par la start-up canadienne BlueDot, rapportent nos confrères de Wired. Dix jours avant le Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) et l’OMS, le logiciel a détecté les signes avant-coureurs de l’infection dans la ville de Wuhan (Chine centrale).
L’intelligence artificielle de BlueDot scanne le web, mais pas les réseaux sociaux
Mise au point en 2014 par Kamran Kha, un ancien médecin, l’intelligence artificielle de BlueDot utilise des systèmes d’apprentissage automatisé (ou machine learning) couplés à des montagnes de données récupérées sur la toile. Pour anticiper l’émergence d’une épidémie, l’algorithme s’est notamment appuyé sur les messages postés sur des forums, sur des articles de presse en ligne, sur les symptômes recherchés sur un moteur de recherche comme Google ou les bulletins de santé communiqués par des organismes officiels. L’IA fait par contre l’impasse sur les publications sur les réseaux sociaux, jugées « trop bordéliques ».
Pour affiner son analyse, l’IA s’appuie aussi sur l’historique de propagation de précédentes épidémies, dont le Zika. Pour comprendre quels pays risquent d’être touchés en priorité, le logiciel croise les informations récupérées avec les plans de vol des aéroports et les billets d’avion vendus. L’IA de BlueDot est capable de traiter des données issues de 65 langues différentes, explique la firme à nos confrères de Wired. « Notre système d’alerte mondial combine plus de 100 ensembles de données avec des algorithmes propriétaires afin de fournir des informations précises sur la propagation des maladies infectieuses » explique BlueDot sur son site web.
La totalité du processus d’analyse ne repose pas sur l’intelligence artificielle, tempère l’entreprise canadienne. Un épidémiologiste humain est en effet chargé d’entériner ou de réfuter les constatations réalisées par les algorithmes. Dans le cas du Coronavirus, l’expert a donné son aval au schéma de propagation développé par l’IA dès le 31 décembre dernier. L’algorithme était ainsi parvenu à prédire l’arrivée du virus à Bangkok, Séoul, Taipei et Tokyo bien avant les scientifiques.
L’IA n’a pas été prise au sérieux par les autorités
BlueDot n’a pas tardé à partager les mises en garde de l’IA avec les autorités de santé publique d’une dizaine de pays, avec les compagnies aériennes et avec les hôpitaux. Malheureusement, les autorités n’ont pas accordé grande attention aux analyses de l’algorithme. Sans accès à son historique de réussite ou son pourcentage de fiabilité, les autorités sanitaires ont craint que l’IA ne BlueDot ne les induisent en erreur. Aux dernières nouvelles, le coronavirus a infecté 4474 personnes dans le monde, dont 4409 individus en Chine. En France, trois cas ont été confirmés. L’épidémie a causé 107 décès.