Frappés par la maladie du coronavirus, deux enseignants en provenance de la capitale sénégalaise à bord des bus affrétés par l’Etat du Sénégal, ont confié comment ils ont chopé et ont été testés positifs à la maladie. M.S.D et P.D.B âgés respectivement de 43 ans et 40 ans, sont tous originaires de deux régions du nord du Sénégal. Ils servent dans des villages des départements de Bignona et de Ziguinchor. Leurs témoignages recueillis, leur vie semble bouleversée.
Les deux collègues, bien que frappés par la pandémie, continuent toujours de porter leurs masques. Ils partagent la même chambre dans centre de traitement où ils sont confinés, suivis et traités par les médecins. «Je suis encore essoufflé. Non seulement notre voyage pour rallier la région sud a été infernal, mais je dois vous avouer que l’Etat nous a, en vérité, sacrifié. Il avait fait de nous des cobayes de la maladie du COVID 19 dans cette période qui devait marquer notre retour dans nos écoles pour la reprises des cours», explique P.D.B.
«l’Etat, à travers notre ministère de tutelle, a très mal organisé notre voyage. Les conditions de voyage n’étaient pas du tout des meilleures. Il y a eu beaucoup de tâtonnement dès le départ. Pire, nous avons voyagé sous la chaleur à bord des bus remplis. C’est au cours de notre voyage, à la suite de notre longue attente à Dakar avec des collègues enseignants entassés et qui avaient formé des regroupements un peu partout que j’ai commencé à sentir en moi un rhume suivi d’une fièvre assez forte. J’avais, dès lors, commencé à avoir des inquiétudes sur ma santé», a ajouté P.D.B.
«L’Etat a violé de bout en bout le protocole qui nous liait. Nous sommes des soldats du savoir et nous le serons jusqu’à notre dernier souffle. Seulement l’Etat, à travers le ministère de l’Education ne nous a pas rendu la monnaie. Nous enseignons tous les deux dans des écoles à Ziguinchor et à Bignona. Notre parcours a été un parcours de combattants. Nous étions entassés dans des bus comme des sardines au moment où les autorités sanitaires prônent la distanciation. C’est quand nous sommes arrivés à Ziguinchor que le comité régional de gestion de lutte contre la maladie a effectué des prélèvements sur nous. C’est par la suite qu’on nous a dit que nos résultats ont été positifs. Je suis sûr et certain que nous avons chopé le virus lors de notre rassemblement à Dakar, c’est-à-dire à la veille de notre départ», explique à son tour l’enseignant âgé de 43 ans.
A la question de savoir, «qui vous a filé la maladie ?», M.S.D répond : «je ne saurais vous le dire. La vérité c’est que nous étions une fourmilière humaine à notre point de départ ».
Pour rappel, ils étaient près d’un millier d’enseignants qui ont rallié la région sud en vue de la reprise des cours qui était prévu hier mardi 2 juin 20. Seuls 100 ont répondu à l’appel des autorités sanitaires pour se faire dépister à la pandémie du coronavirus. Soumis aux tests de dépistage à la maladie du Coronavirus, douze (12) parmi eux, ont été déclarés positifs. Ils séjournent au Centre de traitement de l’hôpital régional de Ziguinchor. Sur les 10 enseignants testés positifs à la maladie, 7 habitent à Bignona et 3 sont de Ziguinchor. Ils retrouvent dans le centre de traitement de l’hôpital régional de Ziguinchor deux autres enseignants issus de la transmission communautaire.
L’un des deux enseignants avait séjourné en Guinée-Bissau où, dés son retour à Ziguinchor, il a été testé positif à la maladie. Les médecins traitants du Centre hospitalier régional de Ziguinchor, très débordés, surveillent aujourd’hui plus de 25 malades. Ils sont ainsi plus de 900 enseignants non testés à la maladie du COVID 19 à leur arrivée dans la région et qui errent dans la nature. Les populations, inquiètes, interpellent les autorités.
IGFM