Quel est le mode de contamination du coronavirus, comment se transmet le virus-? Combien de temps reste-t-on contagieux ? Alexis Bédu a interrogé deux spécialistes de la question qui nous donnent leurs recommandations.
Le virus Covid-19 ne se transmet pas dans l’air. C’est l’homme qui le porte, et qui le transmet aux autres. Deux modes de contamination sont connus : l’inhalation de gouttelettes, émises par un malade lorsqu’il tousse ou postillonne, et par les mains qui toucheraient une surface infectée. « Les recommandations sont de ne surtout pas éternuer, ou parler à trop faible distance d’une personne, et se laver les mains régulièrement, rappelle Patrick Berche, professeur émérite de microbiologie à l’université de Paris et ancien directeur de l’Institut Pasteur de Lille. Ne pas mettre les mains au visage, bien sûr. Mais ce n’est pas du tout évident car nous avons une tendance réflexe à mettre nos mains au visage plusieurs fois par minute. Si on commence à tousser, qu’on a un peu de fièvre et qu’on porte un masque, on protège son environnement. Et puis si les personnes contact prennent quelques précautions, la barrière physique est très efficace quand elle est bien appliquée. »
Coronavirus trompeur
Une personne infectée contamine en moyenne trois personnes, le double de la grippe. Le coronavirus est trompeur. Premièrement, on peut être asymptomatique, c’est-à-dire ne pas développer de symptômes, tout en étant contagieux. Deuxièmement, on est contagieux avant même l’apparition des premiers symptômes. Le confinement de la population s’explique par ces particularités du Covid-19, selon la docteure Agnès Giannotti, médecin généraliste à Paris. « Les gens parfois ne comprennent pas pourquoi on nous dit de rester tranquilles à la maison. C’est parce qu’avant le début des symptômes, pendant 48h, on est déjà contagieux. Et on le reste en moyenne 14 jours après l’apparition des premiers symptômes. Mais quelqu’un qui est très infecté, qui a beaucoup de symptômes, contaminera encore plus que quelqu’un qui est juste asymptomatique, qui porte le virus mais qui n’est pas malade. C’est le cas notamment des enfants, c’est pour ça qu’on leur dit de rester tranquilles à la maison : ils sont peu malades, mais ils propagent beaucoup. »
L’information a circulé sur certains médias : le virus s’affaiblirait avec la chaleur et une météo ensoleillée. Affirmation pas du tout vérifiée, répond le Pr. Patrick Berche. « Par exemple, actuellement en Espagne, on voit une épidémie très importante, alors qu’il fait très beau, il fait au moins 25 degrés. Lorsque des virus nouveaux surviennent, sur des populations non immunes, comme c’était le cas de la grippe espagnole en 1918, on peut voir, pendant l’été, de nombreux cas. Ça peut franchir la saison. Il faut au moins une température de 40, 50 degrés, voire 56 degrés, disent les virologues, pour détruire le virus. » L’Afrique, pour l’instant peu touchée par le virus, doit se préparer à voir une multiplication des cas, explique le professeur en microbiologie. « La grippe espagnole sévit dans certains pays d’Afrique aux mois de mai, juin, juillet 1918. Une des grandes préoccupations actuellement, c’est effectivement le fait que l’Afrique pourra être atteinte. On ne voit pas comment elle pourra y échapper. La densité des liaisons aériennes est beaucoup plus faible, c’est pour ça que l’Afrique peut avoir une vague différée. Mais on pense qu’il y aura peut-être une vague en Afrique, même si personne ne le souhaite. »
Renoncer à notre vie sociale, mettre une distance avec tous les autres individus est la seule méthode efficace pour arrêter la propagation du virus et étaler le nombre de malades dans le temps. En France, il n’existe environ que 5 000 lits de réanimation.
rfi