Ce mardi 2 juin, les nouvelles règles du déconfinement entrent en vigueur en France. Plus de restriction de circulation dans le pays, réouverture des piscines et des salles de spectacle, réouverture aussi des bars et des restaurants, dans le respect des règles de protection. À Mayotte, en Guyane et en Île-de-France, classés orange, seules les terrasses peuvent accueillir du public.
Des ouvriers remettent un dernier coup de vis derrière le comptoir, pendant que le patron jette un œil dans les placards. Achour Abdelguerfi tient une brasserie parisienne, et avant même l’arrivée des premiers clients, il a du boulot.
« Énormément de boulot, parce qu’il faut tout remettre en marche, tout nettoyer, remettre les frigos en route, faire les courses, explique Achour Abdelguerfi au micro de David Baché, journaliste au service France de RFI. Donc on va commencer par des sandwiches, des croque-monsieur au départ, le temps de se mettre bien en place, avant de présenter les plats habituels. Ça va être un peu le coup de feu. » Sur douze salariés, tous au chômage partiel depuis la mi-mars, six reprennent le travail ce mardi.
« Élargir l’espace »
Après deux mois d’inactivité totale, Raba Bicheur, rouvre enfin, lui aussi, les portes de son café. Mais avec nettement moins d’enthousiasme « puisqu’on on n’a pas l’espace en terrasse et on n’a que six tables. »Or, « avec la distanciation physique, on n’a même pas le droit de mettre les six tables. » Raba va donc essayer « d’élargir l’espace, de prendre l’espace des voisins pour rentabiliser le minimum. Là on va utiliser juste mon barman et moi. »
Les cuisines restent fermées, seules les boissons sont servies. Six employés sur sept de ce café parisien resteront au chômage partiel jusqu’à ce qu’une réouverture totale, salle comprise, soit possible.
« En espérant pouvoir tenir »
Autre région que l’ïle-de-France, fortement touchée par l’épidémie et qui tente progressivement un retour à la normale : le Grand Est, passé du rouge au vert. Ce lundi de pentecôte à Strasbourg, on ne croisait que quelques vélos et de rares piétons. Tout était fermé : les restaurateurs étaient en plein ménage à la veille de la réouverture.
Thierry Deliau est à la tête d’une winstub, ces petits restaurants qui servent de la cuisine alsacienne. Depuis trois jours, il désinfecte tout, même les poutres du plafond.
« Quand le client aura quitté sa table, je le mettrai à la table d’à côté et je désinfecterai vite fait la table qui a été occupée, explique-t-il à Angélique Ferat, notre correspondante à Strasbourg. Là, je pense que si on fait 30 % par rapport à l’année dernière, ce sera peut-être beaucoup déjà. Donc moi je vis qu’avec ma petite retraite de 1 400 euros maximum. J’ai repris mon chef et ça sera le seul salaire. En espérant que je puisse tenir. »
Catastrophe financière
Quelques rues plus loin, les gérants du restaurant Argentoratum nettoient les vitres de leur établiessement. Céline Leiner est contente de rouvrir mais avec un gros point d’interrogation : « Financièrement, c’est une catastrophe, lâche-t-elle. On a dû refaire un prêt pour survivre le temps de la fermeture. 80 % [des clients], nous, c’est des touristes. On n’a pas tellement de locaux, ici. Si d’ici trois ou quatre mois, on fait 15 couverts par jour, ça suffira pas et on sera forcé de fermer le restaurant. »
La limite des 100 km pour les déplacements est levée. Pour les touristes étrangers, il faudra attendre le 15 juin et l’ouverture des frontières européennes pour espérer en revoir.
Course contre la montre
Dans les campings, c’est aussi le branle-bas de combat dans l’incertitude. Exemple en bord de mer du côté de la Couronne, près de Marseille. Le camping du Mas a des allures de village fantôme. Personne aux terrasses des bungalows ni aux jeux pour enfants. Juste une équipe de femmes de ménage qui parcourent les allées en voiturette de golf, comme Patricia, en pleine course contre la montre.
« On profite d’avoir de l’espace pour faire tout ce qu’on a à faire, confie-t-elle à Stéphane Burgatt, notre correspondant à Marseille. Là, on est en train de remettre tout entièrement à neuf pour l’arrivée des vacanciers. Oui, c’est le rush. On a avait déjà commencé un peu mais bon, on est obligé de faire ça au dernier moment comme ça, ça reste propre. »
Embauche pour appliquer les mesures sanitaires
C’est toute une machinerie somnolente depuis plusieurs mois qu’il faut relancer au camping. À commencer par la piscine : « On vient de la mettre en route à l’instant, explique Bruno. Il faut contrôler qu’il n’y ait pas de fuite. Y a plus qu’à envoyer ! Content de la reprise, ça fait du bien. On avait les écureils mais là, c’était un petit peu triste, quand même. »
L’excitation est palpable. Rosie, la patronne, est soulagée de reprendre une activité, même si les choses vont se passer différemment avec les règles sanitaires.
« Ca veut dire qu’il y aura moins de transats. Le transat sera attribué à la journée au client qui arrive. Il y aura une désinfection des transats tous les soirs. Ça fait du travail en plus, quand même, toutes ces mesures qu’il faut mettre en place. Donc on embauche deux personnels. »
Les premières réservations sont déjà enregistrées avec quelques arrivées dès cette semaine.
Auteur : Rfi