Coronavirus: l’Afrique face à la pandémie mardi 21 avril

L’Afrique comptait ce mardi 21 avril 23 716 cas confirmés de coronavirus. Le Covid-19 a déjà coûté la vie à 1 160 personnes sur le continent, selon le Centre pour la prévention et le contrôle des maladies de l’Union africaine. L’Égypte est désormais le pays le plus touché du continent, avec 3 333 cas, devant l’Afrique du Sud, le Maroc et l’Algérie.

Michel Yao : l’épidémie « s’accélère » en Afrique, mais reste pour l’instant sous contrôle

Le responsable des opérations d’urgence de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en Afrique, Michel Yao, était l’invité de Priorité Santé sur RFI. Selon lui, si l’épidémie s’accélère sur le continent, elle reste encore sous contrôle. « 21 pays restent dans une transmission sporadique. Cela donne encore l’espoir de contrôler l’épidémie dans ces pays, si tous les efforts sont fournis et si l’on a une approche beaucoup plus rapide et complète impliquant tous les secteurs et toutes les couches socio-culturelles » explique-t-il. Parmi les mesures nécessaires pour endiguer la pandémie, Michel Yao insiste notamment sur l’importance du dépistage et de la prévention. Il annonce également que quatre pays, l’Afrique du Sud, le Togo, le Kenya, et le Rwanda, sont sur le point de lancer leurs essais cliniques.

État d’urgence : prolongement de la mesure au Congo-Brazzaville et saisie du Parlement en RDC

Le président du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso a décidé par décret de prolonger de 20 jours l’état d’urgence sanitaire instauré le 31 mars. Avec 160 cas, la pandémie de coronavirus touche désormais six des douze départements du Congo. La capitale Brazzaville demeure l’épicentre de la maladie dans le pays. En RDC, le président Félix Tshisekedi a officiellement saisi les deux chambres du Parlement qui doivent statuer sur sa demande de prorogation de l’état d’urgence qui doit expirer cette semaine. Le chef d’État a signé une ordonnance pour permettre aux députés et sénateurs de se réunir, malgré l’interdiction des rassemblements de plus de 20 personnes en vigueur dans le pays. Les parlementaires ont jusqu’au 23 avril pour voter cette prolongation.

L’Afrique du Sud renforce ses mesures de restrictions dans les foyers du coronavirus

Les mesures de confinement ont été renforcées dans la ville portuaire de Durban et dans sa province, le KwaZulu-Natal. Les personnes testées positives seront désormais immédiatement hospitalisées afin de les empêcher d’enfreindre leur placement en quarantaine. Depuis le début du confinement, il y a trois semaines, 1 500 personnes ont été arrêtées dans cette province pour avoir enfreint les mesures de restrictions.

Le KwaZulu-Natal est l’un des épicentres de l’épidémie de coronavirus en Afrique du Sud : la région a enregistré 600 cas avérés et 21 décès. Les personnels soignants sont particulièrement touchés : plus de 50 d’entre eux ont été testés positifs depuis le début de la pandémie, causant la fermeture temporaire de trois hôpitaux à Durban.

Le Gabon lance une campagne de dépistage massif

Après l’instauration du confinement de la capitale Libreville et de trois communes limitrophes, après l’obligation du port du masque dans les lieux publics, une campagne de dépistage massif commence cette semaine au Gabon. Les premiers concernés seront les personnels de santé, en première ligne face à l’épidémie de coronavirus : 24 d’entre eux ont été contaminés jusqu’à présent. « L’intérêt de cette action, c’est de faire en sorte qu’on puisse détecter à temps ceux qui sont atteints et les prendre en charge assez rapidement. C’est un geste simple qui protège non seulement l’environnement immédiat du malade mais aussi l’ensemble de la population », explique le ministre de la Santé Max Limoukou.

200 000 tests ont été importés par le Gabon. Le pays a également été bénéficiaire d’un don de 100 000 tests supplémentaires de la part du milliardaire chinois Jack Ma, fondateur du site d’achats en ligne Alibaba.

À Niamey, des violences éclatent contre le couvre-feu et l’interdiction des prières collectives

Dans la capitale nigérienne, isolée du reste du pays pour limiter la propagation du coronavirus, des habitants se sont révoltés contre les mesures de confinement. Ils protestent notamment contre le couvre-feu en vigueur entre 19h et 6h du matin, et l’interdiction des prières collectives. Barricades et pneus enflammés ont été installés sur les artères de Niamey et des échauffourées ont eu lieu entre la police et les manifestants. « Nous nous sommes révoltés parce que lorsque vous priez en groupe, Dieu accepte mieux vos prières », raconte un marabout du quartier Boukouki. En tout, une centaine de personnes ont été interpellées par les forces de l’ordre, et dix ont été placées en détention. Les mesures instaurées dans la capitale, notamment le couvre-feu, doivent prendre fin ce vendredi.

La Tunisie rapatrie près de 400 de ses ressortissants en Libye

395 ressortissants tunisiens, bloqués au niveau du passage frontalier de Ras Jedir, ont été rapatriés dans leur pays ce mardi matin. Hier, près de 650 Tunisiens avaient traversé de force la frontière tuniso-libyenne. Tous ont été placé en isolement sanitaire à leur arrivée, afin de les identifier et de détecter de potentiels cas de coronavirus. Selon Mustapha Abdelkabir, président de l’Observatoire tunisien des droits de l’homme, 8 000 travailleurs tunisiens se trouvent toujours en Libye. Ils doivent être rapatriés graduellement jusqu’en juillet.

• Le président malgache présente son « remède » contre le virus

Une décoction et une tisane bio à base d’artemisia et d’autres plantes tenues secrètes. C’est le remède contre le coronavirus, développé par l’Institut malgache de Recherches appliquées et présenté en grande pompe par le président Andry Rajoelina ce lundi. Le médicament sera distribué gratuitement aux plus vulnérables. Dès ce mercredi, il sera mis en vente dans les pharmacies, et obligatoire pour les élèves de 3e et de Terminale, qui doivent retourner en classe ce même jour.

Le chef d’État assure que deux patients ont été guéris par le médicament. Mais impossible de connaître le nombre de personnes sur lesquelles le traitement, conçu en quelques jours, a été testé. « Utiliser la population malgache, les enfants surtout, comme cobaye de ce remède miracle, c’est dangereux. Pourquoi ne pas avoir testé sur toutes les personnes malades et attendre le résultat global, avant d’annoncer et de produire en grande quantité ? » s’inquiète Fanirisoa Ernaivo, figure de l’opposition.

66 cas de coronavirus dans la prison de Ouarzazate au Maroc

Dans un communiqué publié ce mardi, la DGAPR (Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion) annonce que 60 employés et six détenus de la prison de Ouarzazate ont été testés positifs au coronavirus. Tous les pensionnaires de l’établissement seront dépistés, ajoute la DGAPR. Neuf fonctionnaires et deux détenus avaient déjà été déclarés positifs dans deux autres prisons marocaines, à Marrakech et à Ksar Kébir. Début avril, plus de 5 000 prisonniers avaient été graciés par le roi Mohammed VI afin de réduire les risques de contamination dans les établissements pénitentiaires.

En Ouganda, le fonds de 2,4 millions d’euros destinés aux députés suspendu par la justice

La Haute Cour de justice a suspendu ce mardi matin l’allocation de 10 milliards de shillings ougandais (environ 2,4 millions d’euros) que devait recevoir les députés. Deux membres de l’opposition avaient déposé un recours pour empêcher la mise en œuvre de cette mesure votée au Parlement le 7 avril. Chaque député devait recevoir 20 millions de shillings (environ 5 000 euros) afin de lutter contre la propagation du coronavirus dans sa circonscription. Le fonds devait notamment servir à payer les personnels soignants, ou encore l’essence des ambulances. Mais la mesure avait fait largement réagir dans le pays : de nombreux citoyens demandant que cet argent soit directement versé aux soignants et non pas aux députés.

50 millions de personnes menacées par la faim en Afrique de l’Ouest

Selon Oxfam, le nombre de personnes menacées de famine pourrait presque tripler en Afrique de l’Ouest, passant de 17 millions en juin à 50 millions de personnes concernées au mois d’août. L’ONG se base sur des chiffres de l’institution régionale de la CEDEAO.

Huit organisations internationales et régionales, dont Action contre la faim et l’Oxfam, s’inquiètent ainsi des conséquences de la crise sanitaire sur l’accès aux produits de base. Les populations sont confrontées à une hausse des prix des denrées alimentaires et à la baisse de disponibilité de certains produits dues aux mesures de confinement et de fermeture des frontières notamment. Les organisations lancent un appel pour que les gouvernements contrôlent les prix, assurent l’approvisionnement des marchés et viennent en aide aux plus vulnérables.

Au Ghana, la fin du confinement crée la polémique

Dimanche soir, le président ghanéen Nana Akufo Addo a annoncé la fin du confinement en vigueur depuis 3 semaines dans les deux plus grandes villes du pays Accra la capitale, et Kumasi. Le gouvernement insiste sur le fait qu’il est en bonne position pour contrôler la pandémie, grâce à un nombre important de dépistage, à la traçabilité des personnes en contact avec les malades et l’ouverture de nouveaux centres de quarantaine.

Le pays a pour l’instant un peu plus de 1 040 cas de Coronavirus, dont 9 décès. Mais cette décision de lever le confinement est loin de faire l’unanimité. Il est bien trop tôt pour lever ce confinement, estiment de nombreux médecins ghanéens.

Parmi eux, l’ancien directeur général des services de santé du pays. Le professeur Badu Akosa estime que ce confinement – qui ne touchait que quelques grandes villes –aurait du être étendu à l’ensemble du pays ou même prolongé jusqu’à la fin du mois. Preuve en est, explique-t-il, les cas de coronavirus qui étaient concentrés sur Accra, Kumasi et Kasoa se sont rapidemment propagés à d’autres régions.

Le gouvernement dit avoir testé près de 68 000 personnes pour identifier les malades et les isoler. Mais sur une population de 30 millions d’habitants, ce n’est pas assez, estiment ces médecins. Il faudrait une campagne de dépistage beaucoup plus importante, ajoutent-ils.

L’opposition politique a également réagi à cette annonce. La décision du président à ce moment crucial de l’épidémie est un pari politique imprudent, a déclaré le Congrès national démocrate, principal parti d’opposition. Pour la formation dirigée par l’ex-président John Mahama, cette décision a pour but d’apaiser une partie de la population qui dépend de l’économie informelle pour survivre. Une décision politique alors qu’une élection présidentielle est prévue pour la fin de l’année.

En Côte d’Ivoire, la détresse des ferrailleurs d’Abobo face aux mesures de confinement

Dans le nord d’Abidjan, les ferrailleurs de la « Casse d’Abobo », marché de pièces détachées automobiles, sont privés de clients depuis fin mars. Les autorités ont lancé une vaste opération de désinfection des 40 hectares de ruelles. « Nous demandons au gouvernement de l’État de Côte d’Ivoire de pouvoir nous subventionner. Si l’État peut faire des efforts pour qu’on puisse aller à la vraie sensibilisation, matériellement, financièrement, c’est ce que nous demandons », déclare Cissé Amédou, président local de l’organisation professionnelle de l’Afecam-CI.

Au Nigeria, les hôpitaux privés de Lagos ferment leurs portes

L’hôpital privé Saint Nicholas de Lagos, l’un des plus importants de la capitale nigériane, a suspendu ses opérations pour une durée de deux semaines. Selon la presse locale, cinq autres établissements hospitaliers privés ont également fermé leurs portes. En cause : l’exposition du personnel soignant au Covid-19. Ces fermetures font suite à une recommandation du gouvernement de l’État de Lagos, qui a appelé ce dimanche à la fermeture de 17 hôpitaux. Les établissements doivent profiter de cette période pour se mettre aux normes afin de pouvoir traiter les patients atteints du coronavirus. Avant leur réouverture, les bâtiments doivent notamment être désinfectés. La semaine dernière, les médecins des hôpitaux privés avaient alertés de leur manque de moyens face à la maladie, après le décès de l’un d’entre eux, atteint du Covid-19.

• Le président de Sierra Leone placé à l’isolement

Julius Maada Bio va être placé en quarantaine pour 14 jours, après qu’un de ses gardes du corps a été testé positif au coronavirus. Le chef d’État a déclaré dans une allocution télévisée diffusée lundi soir qu’il était en bonne santé, et que ni lui ni sa famille ne présentaient pour l’instant de symptômes. La Sierra Leone compte à ce jour 50 cas confirmés de Covid-19.

• Réouverture du grand marché de Ouagadougou

Après un mois de fermeture, les boutiques du grand marché de la capitale du Burkina Faso ont rouvert leurs portes ce mardi. Selon le ministre du Commerce Harouna Kaboré, le marché a été entièrement nettoyé et désinfecté avant sa réouverture. Le maire de Ouagadougou Armand Béouindé assure que des dispositifs ont été mis en place pour éviter au maximum les risques de contamination au coronavirus. « Des dispositifs de lavage des mains ont été installés à toutes les portes d’entrée et la prise de température est systématique. À l’intérieur, les allées ont été complètement dégagées, et un traçage fait pour respecter la distanciation sociale », détaille-t-il.

• Au Kenya, des applaudissements pour le personnel soignant

Au Kenya, à midi, la chaîne de télévision NTV a arrêté ses programmes pour diffuser pendant plusieurs minutes les applaudissements de citoyens en remerciement au personnel soignant, en première ligne face à l’épidémie de coronavirus.

Une voix affirme que le Covid-19 concerne aussi les Comores

L’artiste comorien Cheikh MC qui a annoncé ce lundi sur les réseaux sociaux que sa femme était atteinte du Covid-19 a ensuite été longuement entendu à la gendarmerie. Le musicien très suivi aussi bien dans le pays que par la diaspora, a publié sur les réseaux sociaux les résultats de scanner de son épouse suscitant de nombreuses réactions. Les Comores restent l’un des seuls pays dont les autorités n’ont déclaré aucun cas depuis le début de cette épidémie. Il ne dispose néanmoins pas de tests appropriés pour le moment, donc seules des suspicions de cas sont possibles.

Les gendarmes comoriens sont venus chercher l’artiste de hip-hop chez lui quelques heures après ses révélations sur sa page officielle, rapporte notre correspondante à Moroni, Anziza M’Changama. Il a passé une bonne partie de la journée dans leurs locaux afin de se voir rappeler la conduite à tenir en pareille situation : éviter de faire paniquer la population et laisser les autorités communiquer, s’il y a lieu.

Car c’est précisément sur ce point que Cheikh MC s’est appuyé pour parler. L’artiste a déclaré estimer que la situation était trop grave pour le pays, pour se permettre d’attendre que les autorités rendent publiques les fortes suspicions de cas déjà présents sur le territoire selon certains scanners, seul examen médical disponible pour le moment aux Comores. La conclusion de celui de son épouse est claire : « examen très en faveur d’une pneumopathie type Covid-19 ». Un médecin du comité scientifique est allé à la télévision nationale le soir-même pour rappeler que « très en faveur » ne signifie pas qu’il y ait la moindre certitude.

Par ailleurs, l’agence régionale de santé de Mayotte a déclaré mardi 8 cas asymptomatiques mais Covid positifs parmi les 60 rapatriés de Moroni le 13 avril dernier. Mais sans tests appropriés, le gouvernement continue de ne déclarer aucun cas.

De nouveaux habitants investissent les rues du Cap

Alors que l’Afrique du Sud est confinée depuis plus de trois semaines maintenant pour limiter la propagation du coronavirus dans la population, les rues désertées de la ville côtière du Cap sont prises d’assaut par des promeneurs un peu particuliers…

RFI