Le ministre brésilien de la Santé Luiz Henrique Mandetta a annoncé ce jeudi 16 avril qu’il avait été limogé par le président Jair Bolsonaro, avec qui il était en désaccord total sur la lutte contre le nouveau coronavirus.
Le ministre brésilien de la Santé a annoncé son limogeage sur Twitter. « Le président Jair Bolsonaro vient de m’annoncer que j’étais démis de mes fonctions de ministre de la Santé », a indiqué Luiz Henrique Mandetta à l’issue d’une rencontre avec le chef de l’Etat au palais présidentiel de Planalto, à Brasilia.
Cette annonce était attendue depuis plusieurs jours, tant les affrontements entre le président et le ministre étaient nombreux et leurs visions semblaient incompatibles sur la manière de combattre la pandémie de coronavirus. Le ministre a toujours préconisé le confinement, tandis que le président n’a cessé de minimiser l’impact du virus et de remettre en cause les règles de distanciation sociale. Peu après cette annonce, des concerts de casseroles ont retenti dans plusieurs villes brésiliennes en signe de protestation. Pour de très nombreux Brésiliens, Luiz Henrique Mandetta incarnait la voix de la raison auprès du président.
Le successeur de Luiz Henrique Mandetta est l’oncologue Nelson Teich, qui a rencontré Jair Bolsonaro jeudi matin, ont affirmé plusieurs médias. Il avait déjà été pressenti pour ce portefeuille après l’élection, en octobre 2018, de Jair Bolsonaro, mais Luiz Henrique Mandetta lui avait été préféré, notamment en raison de ses soutiens politiques au Parlement.
Soutenu par l’Association Médicale du Brésil (AMB), Nelson Teich, à l’instar de son prédécesseur, considère que le confinement est le meilleur moyen d’endiguer la pandémie. Dans un article récemment paru, il a déploré « la polarisation entre les questions sanitaires et économiques ». Selon un dernier bilan officiel plus de 30 000 cas de Covid-19 ont été recensés au Brésil, dont plus de 1 900 mortels. Mais selon les estimations du groupe Covid-19 Brasil, un collectif de chercheurs d’université, le nombre de cas serait quinze fois plus élevé. D’après eux, plus de 300 000 personnes auraient été infectées, leur faisant redoute une hécatombe dans les prochaines semaines.
Le nouveau ministre de la Santé s’est dit favorable à des campagnes de tests de dépistage pour mieux connaitre la propagation du virus. Mais à l’heure actuelle, les autorités n’ont pas les moyens de mettre en oeuvre ces mesures rapidement dans tout le pays. Le départ du ministre de la Santé ouvre une période d’incertitude pour le Brésil, souligne notre correspondant François Cardona.
Auteur : Rfi