Coronavirus: les Français de l’étranger subissent la crise sanitaire

Plus de 60 000 Français sur les 130 000 bloqués à l’étranger ont déjà été rapatriés selon le ministère français des Affaires étrangères. Mais encore 70 000 Français n’ont pas pu rentrer.

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Un avion en provenance de Lima au Pérou a atterri à Paris ce lundi. À son bord se trouvaient 200 Français ainsi que des personnes d’autres nationalités qui étaient bloquées, elles aussi, au Pérou. Un vol que tous ces passagers ont gagné de haute lutte. Parmi eux, Ohanna Mace. Cette Française s’était rendue au Pérou pour raison professionnelle. Elle a très vite compris qu’elle devait partir quand Lima a commencé à agir contre le coronavirus.

« J’ai atterri dans cet hôtel à Lima donc lundi soir. Les gens de l’hôtel m’ont annoncé que j’étais en quarantaine avec eux pendant 15 jours. Je leur ai dit : « Absolument pas, il y a un vol demain ». Et ils m’ont repondu qu’il n’y avait plus de vol, que c’était fini. On s’est retrouvé enfermés dans l’hôtel en attendant des nouvelles de l’ambassade, de la France », raconte dans un premier temps Ohanna Mace.

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· 17 h
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Nous veillons aussi à ce que les tarifs des billets d’avions soient régulés en demandant, dans le contexte exceptionnel que nous vivons, aux compagnies aériennes de faire un effort, ce qu’elles sont nombreuses à accepter.

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Beaucoup reste encore à accomplir. Nous connaissons la situation difficile, parfois même angoissante, dans laquelle demeurent encore des milliers de ressortissants français en attente d’une solution de retour vers le territoire national.

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19:18 – 23 mars 2020
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« Au final, le voyage retour était en négociation entre le ministère des Affaires étrangères et le gouvernement péruvien. Dans l’avion, les stewards nous ont expliqué qu’au final, et c’est pour cela qu’on a décollé de la base militaire, c’est que le gouvernement péruvien n’a pas cédé et que finalement là où ils ont trouvé une ouverture pour le décollage du Boeing, c’était par le biais de la base militaire de Lima. L’avion était plein », se rappelle Ohanna Mace.

Selon Ohanna Mace, le gouvernement péruvien a refusé au gouvernement français de les laisser partir. Et Paris a finalement dû passer par l’armée péruvienne pour faire décoller l’avion de la base militaire de Lima. Ce qui est, selon Ohanna Mace, de mauvais augure pour les 1 800 Français qui restent dans le pays.

« Il y a des Françaises qui sont toujours bloquées à Cuzco et à Arequipa. Elles devaient prendre l’avion mais elles n’ont pas pu, puisqu’au dernier moment, le gouvernement péruvien a refusé que les bus circulent. Ils les ont fait monter dans les bus à Cuzco et au bout de trois heures, ils les ont fait descendre », détaille-t-elle.

La quarantaine est quand même beaucoup plus stricte et pour l’avoir vécue, c’est très compliqué. Il y a une violence vis-à-vis des étrangers, pas physique pour l’instant, mais les Français sont virés des hôtels. C’est la course pour trouver un logement. Quand vous êtes dans le logement, moi par exemple dans mon hôtel, alors que les Péruviens peuvent quand même sortir pour pouvoir aller faire des courses, c’était très compliqué. Donc, c’est assez préoccupant pour les Français qui restent parce qu’il n’y a pas de solution de sortie pour l’instant.

Français coincés au Pérou: « c’est assez préoccupant pour les Français qui restent parce qu’il n’y a pas de solution de sortie pour l’instant »

Des Français toujours bloqués à l’étranger

Romain Estivals, lui tente de trouver un avion depuis le 12 mars pour rentrer des Philippines où il était parti faire du tourisme. Avec sa compagne, il se retrouve coincé sur l’île de Cebu et commence à se décourager.

« Nous, notre cinquième vol réservé vient d’être annulé. Mais également cinquième vol facturé. Comme beaucoup de Français, on s’est énormément endettés. On se retrouve dans une situation financière qui commence vraiment à être grave. Il y a un vol de rapatriement visiblement organisé par l’État sur lequel il fallait s’inscrire, chose qu’on a fait. Mais il n’y a qu’un seul avion de prévu et ils ne veulent transporter que 60-80 personnes visiblement. On n’a pas été autorisé à le prendre », relate le Toulousain Romain Estivals.

Après avoir appelé l’ambassade, il a été notifié qu’aucun vol de rapatriement n’était finalement prévu. « C’est très compliqué et ils sont dépassés par la situation. Les Allemands, eux, sont déjà rentrés chez eux. L’État a organisé plusieurs avions Lufthansa pour les rapatrier. La plupart, ce sont des Français qui restent. Ça devient catastrophique pour beaucoup de personnes ici. Il y a pas mal de personnes soit qui sont victimes de la fermeture des hôtels (…) Ils se retrouvent à dormir dehors sur les trottoirs, ou devant les halls d’aéroports. On ne fait plus qu’un repas par jour, parce qu’on ne sait pas encore pour combien de temps on est là, en espérant que notre hôtel ne nous mette pas dehors à la fin de la semaine, mais c’est très mal parti », s’inquiète-t-il.

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