La Commission européenne va créer un fonds doté de 25 milliards d’euros, à partir de ressources existantes, et les règles budgétaires et en matière d’aides publiques seront interprétées avec souplesse pour aider les pays de l’UE à surmonter les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus, ont annoncé mardi les dirigeants européens.
Les chefs d’Etat et de gouvernement des 27 ont tenu une réunion extraordinaire en visioconférence alors que le coronavirus apparu en décembre en Chine ne cesse de contaminer et de tuer toujours plus de personnes en Europe, menaçant de paralyser une partie de l’économie en raison des mesures prises pour tenter d’enrayer sa propagation.
L’Italie, pays le plus touché, fonctionne ainsi au ralenti avec l’extension à tout son territoire des restrictions de circulation et de rassemblement en vigueur depuis le week-end dans une partie du nord du pays. Elle est directement menacée de récession.
“Nous sommes prêts à utiliser tous les instruments qui sont nécessaires”, a déclaré le président du Conseil européen, Charles Michel, qui s’exprimait à l’issue de ce sommet européen en visioconférence.
“Une application souple des règles de l’UE en particulier concernant les aides d’Etat et le Pacte de stabilité et de croissance sera nécessaire”, a-t-il ajouté.
S’exprimant à ses côtés, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a précisé que des directives sur une utilisation plus souple des règles communautaires en matière de budget et de subventions seraient prêtes d’ici la fin de la semaine.
Elle a également annoncé la création d’un fonds d’investissement de 25 milliards d’euros avec déblocage rapide de 7,5 milliards pour aider les secteurs économiques les plus vulnérables à l’épidémie de coronavirus, qui perturbe les chaînes d’approvisionnement et frappe durement le tourisme et le secteur du transport aérien notamment.
FONDS DISPONIBLES DANS LES SEMAINES À VENIR
“Cet instrument atteindra rapidement 25 milliards d’euros. Pour y parvenir, je proposerai cette semaine au Conseil et au Parlement de libérer 7,5 milliards d’euros de liquidités d’investissement”, a dit Ursula von der Leyen.
Ces 7,5 milliards sont des fonds européens que les gouvernements nationaux n’ont pas été en mesure de dépenser en raison de complexités administratives. Au lieu d’être renvoyés à Bruxelles, les Etats pourront les utiliser pour soutenir leur économie, a précisé un responsable européen à Reuters.
Le total de 25 milliards d’euros sera atteint en ajoutant des “fonds structurels” déjà promis aux pays de l’UE dans le cadre du budget actuel de l’Union européenne, a poursuivi ce responsable, ajoutant que, sans ce mécanisme, il aurait pu être difficile de les dépenser.
Ces fonds devraient commencer à être disponibles dans les semaines à venir, a dit Ursula von der Leyen, selon laquelle ils seront orientés vers les systèmes de santé, les petites entreprises et le marché du travail.
A Paris, Emmanuel Macron a déclaré que les 27 s’étaient entendus pour accorder à chaque Etat membre une “flexibilité budgétaire indispensable” pour faire face aux conséquences sanitaires et économiques de l’épidémie de coronavirus, qui a fait 33 morts et 1.784 cas de contamination en France.
“Au niveau européen, nous avons acté aujourd’hui des flexibilités, d’abord en matière d’aides d’Etat pour que sur les secteurs impactés les Etats membres puissent prendre les dispositifs qui sont requis. Ensuite pour que toutes les clauses qui sont d’ailleurs prévues dans nos traités puissent être activées afin que la contrainte budgétaire pour celles et ceux pour qui elle existe ne soit pas un rempart”, a dit le président français.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se retrouveront pour un conseil européen “physique” les 26 et 27 mars à Bruxelles.