Une campagne de fermeture ou de suspension des cliniques et des établissements sanitaires privés qui fonctionnent illégalement en Côte d’Ivoire a démarré au début de cette année. Le ministère de la Santé se dit déterminé à assainir le secteur.
Durement affectés par les années de crise politique, les établissements publics de santé en Côte d’Ivoire ont été épaulés par le secteur privé. Mais sur 2 000 cliniques et établissements sanitaires privés dans le pays, 70% fonctionnent dans l’illégalité. Au début de cette année, le ministère de la Santé a entrepris deux actions, précise Dr Marie-Josèphe Bitty, directrice des établissements et des professions sanitaires.
« La première, c’est de faire en sorte que les établissements aient une légalité d’existence, dans la mesure où ils répondent aux critères et la deuxième chose, ceux qui ne sont pas conformes à ce que nous souhaitons doivent fermer. »
Le docteur Guillaume Esso Akpesse, secrétaire général du syndicat national des cadres supérieurs de la santé, encourage la fermeture des établissements sanitaires hors-la-loi.
« Nous souhaitons aussi que toutes les structures impliquées dans la gestion de ce dossier travaillent de concert. C’est bien de fermer les cliniques exerçant dans l’illégalité, mais c’est aussi bien d’assurer le suivi. Donc, il ne sert à rien de fermer une clinique et de la voir réouverte 3 jours après ! »
Les cliniques clandestines peuvent parfois surfacturer et souvent sous-facturer leurs prestations, ce que dénonce le docteur Joseph Boguifo, Président du conseil d’administration de l’Association des cliniques privées de Côte d’Ivoire.
« Dès le moment où il s’agit de la vie des individus, il y a des textes qui réglementent tout ça, notamment en ce qui concerne les coûts. On ne peut pas faire du commerce avec la santé des malades. Donc, dès le moment où il y a du dumping, on favorise justement le commerce et tout cela est dangereux pour les malades. Vous ne pouvez attirer un patient que sur votre compétence. C’est pour ça qu’il y a prix plancher, en deçà duquel vous ne pouvez pas descendre. »
Aucun établissement clandestin n’est membre de l’association des cliniques privées de Côte d’Ivoire, assure le docteur Joseph Boguifo.
Employant parfois du personnel non qualifié, les cliniques et établissements sanitaires clandestins sont aussi responsables d’un préjudice financier non encore mesuré, explique Marie-Josèphe Bitty.
« Lorsque les clandestins exercent, il y a un double préjudice. Un préjudice qualitatif déjà, parce que la qualité des soins n’est pas contrôlée et la population est exposée ; mais aussi un préjudice financier, puisqu’il y a une concurrence déloyale qui s’installe dans le faux. »
Alors qu’ils s’acquittent en général des taxes locales, les cliniques et les établissements sanitaires clandestins ne payent pas les impôts au niveau national.
Rfi