Face à la crise politique qui secoue la Côted’Ivoire, L’Eglise a pris position ce lundi. L’Archevêque d’Abidjan, Jean Pierre Cardinal Kutwa, a animé un point de presse à la cathédrale d’Abidjan. Occasion saisie pour exprimer son opposition au troisième mandat que souhaite briguer Alassane Ouattara.
C’est une déclaration de cinq pages que le cardinal Jean-Pierre Kuwa a lu devant la presse ce lundi à Abidjan. Le religieux campe d’abord le débat en indiquant que “dans certaines circonstances, le silence peut être synonyme de lâcheté et de complicité avec l’iniquité“. Expliquant le sens de sa sortie dans un contexte de fortes tensions politiques, le cardinal d’Abidjan souligne que sa démarche s’inscrit dans un souci de “contribuer à la recherche des voies et moyens, non seulement d’un vivre ensemble, mais d’un vivre ensemble dans l’unité..” Parce que, selon lui, la Côte d’Ivoire amorce un virage dangereux. “Au fur et à mesure que s’approche l’échéance des élections présidentielles, force nous est donné de constater la radicalisation des positions de part et d’autre“, alerte Jean-Pierre Kutwa. D’après ce derniers, “des citoyens d’un même pays, armés de gourdins, de pierres, de machettes et d’armes à feu, se sont livrés à des massacres d’un autre âge, causant, comme il fallait s’y attendre, des morts et d’innombrables blessés, sans compter des dégâts matériels”. Et ce, depuis l’annonce de la candidature de Ouattara à un troisième mandat. Un spectacle désolant et déshonorant pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique, selon lui, et qui engage sa responsabilité d’homme de Dieu.
Or, rappelle l’archevêque d’Abidjan, il n’y a pas de paix sans la justice qui, elle-même, a besoin de pardon. “La réconciliation est plus importante que les élections. Voilà pourquoi, il est totalement erroné de penser qu’il suffit d’organiser des élections, d’en déclarer un vainqueur, pour que les cœurs meurtris soient guéris et que la paix s’installe. L’un des moyens pour aller à la réconciliation, est le respect des lois que l’on se donne bien plus que les élections“, dit-il. Avant d’ajouter : “Je ne pas ne pas me tourner avec respect vers le président de la République, le chef de l’Etat dont la candidature à ses prochaines élections n’est pas nécessaire à mon humble avis. Son devoir régalien de garant de la Constitution et de l’unité nationale appelle son implication courageuse en vue de ramener le calme dans le pays, de rassembler les Ivoiriens, de prendre le temps d’organiser des élections dans un environnement pacifié. Comme le dit bien un adage de chez nous : on ne reste dans les magnans pour enlever les magnans.”
L’Archevêque d’Abidjan invite, par ailleurs, les acteurs politiques ivoiriens “à aller au dialogue et à la concertation, dans la recherche de solutions à cette crise qui n’augure pas d’un lendemain meilleur quant à l’organisation paisible des élections”. “J’insiste encore une fois pour vous rappeler que le respect de la loi est plus important que les élections“, a-t-il conclu.
igfm