Coupe du monde 2018: le Nigeria face au mystère Lionel Messi

Le Nigeria affronte l’Argentine mardi 26 juin à Saint-Pétersbourg dans un des chocs les plus attendus du premier tour de la Coupe du monde 2018. En cas de victoire, les « Super Eagles » assureraient leur billet pour les huitièmes de finale et élimineraient les vice-champions du monde. Mais au-delà, ils pourraient aussi précipiter la retraite internationale d’un Lionel Messi méconnaissable qui, à 31 ans, ne paraît plus vraiment motivé par l’équipe d’Argentine.

De notre envoyé spécial à Saint-Pétersbourg,

Le Nigeria est depuis plus de vingt ans un adversaire de prédilection pour l’Argentine. En 1996, les « Super Eagles » avaient certes battu en finale du tournoi olympique les Argentins. Mais ces derniers avaient pris leur revanche douze ans plus tard, à Pékin, de la main d’un certain Lionel Messi…

En Coupe du monde, les deux équipes ne se quittent pratiquement plus depuis le Mondial 1994 aux Etats-Unis. Les Nigérians ont en effet croisé le chemin des Argentins en 2002, en 2010 et en 2014, dans des duels à chaque fois favorables aux Sud-Américains.

Le 25 juin 1994, à Boston, les Nigérians avaient même été les témoins privilégiés du dernier match de Diego Maradona en Coupe du monde, en tant que joueur… Ce jour-là, les Argentins, vainqueurs (2-1), avaient vu leur idole subir un contrôle anti-dopage à l’issue du match, contrôle positif à l’éphédrine qui allait marquer une triste issue pour la carrière internationale du « Pibe de Oro »…

L’Argentine au bord de la bérézina

Le match que Nigérians et Argentins livreront ce mardi 26 juin restera-t-il lui aussi dans l’histoire ? Assurément, surtout si les « Super Eagles » dominent leurs adversaires et précipitent l’élimination de l’Argentine. Une équipe ciel et blanc en perdition depuis le début de cette Coupe du monde 2018.

Tenue en échec 1-1 par des valeureux Islandais qui faisaient leurs débuts en phase finale, lourdement battue par la Croatie (3-0), l’armada du Rio de la Plata sombrerait dans une grave crise aux conséquences incertaines. Enjeu de querelles politiques (le président de la fédération, Claudio Tapia, successeur du tout-puissant Julio Grondona qui la dirigea d’une main de fer pendant 35 ans jusqu’à sa mort en 2014, est fortement contesté), l’équipe nationale est aussi le théâtre de conflits générationnels. Le sélectionneur Jorge Sampaoli doit faire face en outre à une violente opposition d’une partie de la presse. Le tout sous le regard consterné de dizaines de milliers de supporteurs qui ont fait le voyage jusqu’en Russie et qui voient leur rêve tourner au vaudeville…

« Ça a été une semaine difficile… Mais je ne veux pas penser à autre chose que le match contre le Nigeria, a assuré Jorge Sampaoli, en conférence de presse. Il faut travailler dans la réalité. Je suis persuadé que l’Argentine a de très sérieuses raisons de se qualifier. Il y a un monde virtuel qui te transforme en délinquant quand tu perds un match. Je ne veux pas faire partie de ce monde-là… »

Messi comme Maradona ?

Ce supporter nigérian est au micro de notre correspondant à Moscou: «Leo et moi on a le même nom, mais je vais devoir soutenir mon pays ! Car mon pays est toujours premier dans mon cœur ! J’aime Leo Messi, mais j’y peux rien, je suis pour le Nigeria…»

Et Lionel Messi dans tout ça ? Le capitaine argentin, qui venait de remporter un nouveau Soulier d’or quelques semaines plus tôt, trophée qui l’accrédite comme  meilleur buteur des championnats du monde entier, n’a toujours pas inscrit un but durant cette édition. Sa meilleure occasion, un penalty face à l’Islande, n’a pas trouvé le chemin des filets. Et depuis, l’homme aux cinq Ballons d’or semble étrangement absent, enfermé dans son mutisme, ne quittant sa chambre que pour s’entraîner ou pour prendre ses repas.

Dimanche, à l’occasion de son 31e anniversaire, Lionel Messi a enfin souri, il a soufflé les bougies sous les acclamations de ses coéquipiers. Et ce mardi, son épouse Antonella et ses trois enfants seront à Saint-Pétersbourg pour le soutenir durant ce match si important. La presse argentine affirme également que le capitaine aurait participé à une importante réunion avec les cadres de l’équipe, le staff technique et le président de la fédération pour demander un retour aux schémas habituels et la titularisation des joueurs confirmés… Une manière de signifier au sélectionneur Jorge Sampaoli que les errements tactiques qu’il a tenté d’imposer depuis un an et les changements de joueurs doivent cesser…

Ce retour aux sources pourrait être la dernière chance pour un des plus grands joueurs de l’histoire de soulever la Coupe du monde. Les Nigérians seront-ils la victime expiatoire de la renaissance argentine en cette Coupe du monde ? Ou précipiteront-ils la retraite internationale de Lionel Messi, 24 ans presque jour pour jour après avoir vu celle de Diego Maradona ? « Je n’y avais même pas pensé, a réagi le défenseur nigérian Brian Idowu, à la veille de la rencontre. Ce sera quelque part notre objectif, le fait que ce soit son dernier match de Coupe du monde. Même si nous adorons voir Messi jouer, c’est contre nous qu’il va le faire. Et il n’y a donc qu’une seule option pour nous : qu’il dispute sa dernière rencontre, ici, à Saint-Pétersbourg. »

 

 

rfi