C’est une veille de Noël à nulle autre pareille qu’ont vécu de nombreux pays, contraints jeudi à des festivités souvent restreintes, voire plombées, par un cortège de restrictions ordonnées pour lutter contre la pandémie.
Le coronavirus a fait plus de 1,7 million de morts sur la planète et les foyers de contamination qui continuent d’apparaître rappellent qu’en dépit de l’arrivée des premiers vaccins, la vie ne retrouvera pas de sitôt son cours normal.
Le pape François, qui est à la tête des 1,3 milliard de catholiques dans le monde, a célébré la messe de la nuit de Noël dans la gigantesque basilique Saint-Pierre en présence de moins de 200 fidèles portant un masque de protection, essentiellement des employés du minuscule Etat du Vatican. L’horaire avait été avancé de deux heures, à 19h30 heure locale, pour s’adapter au couvre-feu en vigueur en l’Italie qui commence à 22h00.
Avant la pandémie, plusieurs milliers de croyants et de touristes obtenaient un précieux ticket pour assister à cette messe papale.
Jeudi soir, la place Saint-Pierre, illuminée par son monumental arbre de Noël, était totalement déserte et sillonnée par une voiture de police. Les Italiens ont en effet entamé jeudi un confinement pour les fêtes, dans le pays le plus touché d’Europe par le virus, avec près de 71 000 morts et plus deux millions de personnes contaminées depuis le début de la pandémie.
Dans son homélie, le pape argentin a souligné que la naissance d’un enfant rappelait qu’il ne fallait pas passer son temps «à pleurer sur notre sort, mais à consoler les larmes de celui qui souffre». Or les fidèles «affamés de divertissement, de succès et de mondanités», sont “souvent analphabètes de bonté”, a-t-il regretté.
François, qui vient de fêter ses 84 ans, adressera son huitième message de Noël «Urbi et orbi» («à la ville et au monde») vendredi par vidéo à l’intérieur du palais apostolique, pour éviter qu’une foule ne se rassemble sur la place Saint-Pierre afin de l’apercevoir comme de coutume à une loggia.
Bethléem vide
Dans la Basilique de la Nativité de Bethléem, ville de naissance de Jésus et coeur du monde chrétien le soir de Noël, seule une poignée de fidèles et de clercs ont célébré la messe de minuit, en cherchant un bout de «lumière» après une année de «ténèbres».
Dans la chapelle jouxtant la basilique, généralement bondée le soir de Noël, les autorités cléricales n’avaient donné accès qu’à quelques invités, et sur invitation. “Vous ne pouvez pas vous serrer la main, mais vous pouvez vous souhaiter la paix”, a lancé le patriarche latin de Jérusalem Pierbattista Pizzaballa au moment des traditionnelles accolades entre voisins de bancs.
Plus tôt dans la journée, une petite foule est allée assister à la traditionnelle procession de Noël dans les rues de Bethléem, qui attire d’habitude des milliers de pèlerins.
Quelques centaines de personnes portant masques sanitaires et parapluies ont regardé le défilé où flottaient drapeaux palestiniens et du Vatican, au son des tambours et des cornemuses.
Partout dans le monde, les communautés religieuses chrétiennes ont dû s’adapter pour organiser des offices de Noël, quand c’était possible. En France, entre les messes sur réservation et les directs sur le web, les paroisses se sont réinventées.