Emmanuel Macron va proposer à ses partenaires du G7, qui se réunit virtuellement ce vendredi, d’allouer de 3 à 5% de leurs doses de vaccins aux pays en développement, notamment en Afrique. Une annonce faite dans un entretien accordé au quotidien britannique Financial Times.
Une conférence virtuelle des 7 pays les plus industrialisés de la planète se tient ce vendredi. Ce sera le premier grand rendez-vous international de Joe Biden et il sera largement consacré à la crise sanitaire. Emmanuel Macron y participe avec une ambition : convaincre ses partenaires des pays les plus riches de réserver 5 % des doses de vaccins dont ils disposent pour permettre de lancer rapidement la vaccination dans les pays en développement.
A la veille du sommet, Emmanuel Macron a exprimé publiquement cette proposition dans une interview au Financial Times dans laquelle il dénonce aussi « les prix exorbitants » auxquels sont vendus les vaccins aux pays africains. « Je dis : ‘transférons 3% ou 5% aujourd’hui des vaccins qu’on a en stock à l’Afrique », annonce le président français, car « Cela n’a aucun impact sur le rythme de la stratégie vaccinale (dans les pays riches). Ça ne la ralentit pas d’un jour, compte tenu aujourd’hui de l’utilisation de nos doses ».
Une inégalité « intolérable » dans l’accès au vaccin
Du point de vue du chef de l’Etat français, la situation actuelle où l’on vaccine massivement dans une partie du monde et quasiment pas dans une autre est « intolérable » et même dangereuse : lutter efficacement contre le Covid-19, c’est « casser la courbe pandémique mondiale », explique l’Elysée. Pour ce faire, Il faut aussi « mettre une très forte pression » sur les grands laboratoires pharmaceutiques pour accroître la production de vaccins.
Un appel qui fait écho à celui lancé par Antonio Guterres il y a deux jours lors d’une réunion du Conseil de sécurité. Selon le secrétaire général des Nations unies, 75% de tous les vaccins Covid-19 ont été administrés dans dix pays seulement, alors que 130 autres pays n’ont toujours rien reçu.
Emmanuel Macron a mené beaucoup de consultations… Il a échangé par exemple avec les membres du bureau de l’Union africaine mercredi pour identifier les besoins sur le continent. Ont notamment participé à ces consultations en visioconférence les présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et sénégalais Macky Sall, congolais Félix Tshisekedi et des Comores Azali Assoumani, le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki et John Nkengasong, directeur pour l’Afrique des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC).
Gagner le soutien des pays partenaires
Emmanuel Macron assure que la France a déjà réservé 5% de ses doses pour l’Afrique: « Il s’agira soit de dons, soit de ventes à bas prix », explique le président français, qui espère maintenant convaincre ses partenaires européens, mais aussi la Russie, la Chine et les Etats-Unis. « Nous espérons vivement que (…) les Etats-Unis montreront un engagement plus important, y compris financier dans le dispositif Covax, d’allocation de vaccins aux pays pauvres », insiste l’Elysée.
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Reste à savoir s’il sera suivi par ses partenaires – Le président français précise que la chancelière Allemande, Angela Merkel, soutient pleinement son initiative – et quel accueil cette proposition recevra dans l’opinion française où la campagne de vaccination pâtit de la pénurie de doses.
C’est Boris Johnson, qui a pris la présidence tournante du G7, qui va mener les dbéats entre les dirigeants des États-Unis, de la France, d’Allemagne, d’Italie, du Japon et du Canada. Un entretien virtuel, certes, mais il était temps qu’ils se parlent : il s’agit de la première réunion depuis près d’un an. Les dirigeants du G7 auront peut-être la chance de se rencontrer physiquement au mois de juin puisque Londres a l’ambition d’organiser un sommet du G7 dans une station balnéaire des Cornouailles avant l’été. En attendant, l’arrivée de Joe Biden à la Maison Blanche met fin à quatre ans d’unilatéralisme, avec la réintégration des Etats-Unis dans l’accord de Paris sur le climat et au sein de l’Organisation mondiale de la Santé.
rfi