A la Une ce mercredi, plusieurs médias ont parlé de la maladie à Covid-19 dont ses origines sont toujours mystérieuses.
Le Monde publie une longue enquête sur ce que l’on sait des conditions d’émergence du coronavirus. Pendant des mois, le journaliste Stéphane Foucart a tenté de démêler le vrai du faux dans les origines de la maladie qui font l’objet de vives querelles au sein de la communauté scientifique. La majorité penche toujours du côté de l’hypothèse du « débordement zoonotique », c’est-à-dire de la transmission naturelle d’un animal vers l’homme. Le problème, c’est que l’on ne sait toujours de quel animal il a pu s’agir, le pangolin étant désormais quasiment innocenté. Or, dans les coronavirus précédents, l’animal hôte avait été assez rapidement identifié qu’il s’agisse de la civette ou du dromadaire.
La piste que soulève cet article est passionnante : il révèle que le SARS-CoV-2 ressemble beaucoup à la maladie pulmonaire qui a tué trois mineurs chinois en 2012, mais pas dans la région de Wuhan. Apparemment, ce coronavirus était transmis par une chauve-souris. Des études scientifiques ont d’ailleurs été menées sur ces cas par les chercheurs du Wuhan Institute of Virology, institut qui reste le grand suspect des partisans d’une origine artificielle de notre coronavirus actuel.
Et l’article du Monde révèle par ailleurs la très grande opacité des autorités chinoises sur le sujet. Des liens sur Internet menant à des articles scientifiques chinois ont été supprimés et ce n’est qu’au mois de novembre que l’institut de virologie de Wuhan a commencé à répondre aux questions de la communauté scientifique sur le coronavirus découvert en 2012. La pression se faisait de plus en plus forte car la piste du pangolin transmetteur du virus est aujourd’hui écartée et il est davantage probable que le réservoir se situe du côté des chauve-souris. Sauf que la nature du coronavirus actuel intrigue, notamment dans sa capacité à déjouer les défenses immunitaires humaines. Mais ce ne sont pas les enquêteurs de l’Organisation mondiale de la santé envoyés en Chine qui devraient permettre d’y voir plus clair. Leur mission est étroitement encadrée par Pékin qui a également coopté les membres désignés. Et Le Monde pointe par ailleurs le fait qu’au moins un des scientifiques choisi est en situation de conflit d’intérêts puisqu’il a collaboré avec l’Institut de virologie de Wuhan. Bref, tous les scénarios restent sur la table, reconnaissent les experts scientifiques.
L’option d’un passeport vaccinal
La Chine maîtrise globalement la pandémie sur son sol grâce notamment à des mesures très strictes dont un système d’autorisation de déplacement. La France se pose aussi la question à travers l’hypothèse d’un passeport vaccinal qui suscite déjà la polémique.
Plusieurs journaux reviennent sur cette piste indirectement évoquée dans le projet de loi sur l’état d’urgence sanitaire présenté lundi en Conseil des ministres. Le texte prévoit de donner de manière pérenne aux autorités la possibilité de limiter les déplacements en cas de crise sanitaire et il mentionne à titre d’exemple le vaccin contre le Covid-19 comme forme de laissez-passer.
« Inacceptable », dit le député LR Philippe Gosselin dans La Croix alors que son homologue de la République en marche Sacha Houllié maintient que le passeport sanitaire est une « piste intéressante ». Dans Le Monde, la professeure de droit public Stéphanie Hennette Vauchez estime « qu’un tel passeport vaccinal apparaît en l’état trop flou dans son champ d’application pour ne pas y voir un risque. »
La polémique a en tout cas forcé le ministre de la Santé à rétropédaler mardi soir. Pas question pour Olivier Véran de rendre de fait la vaccination obligatoire par l’intermédiaire de ce type de mesures. Le texte est d’ailleurs repoussé jusqu’à nouvel ordre, rappelle de son côté Le Figaro, qui y voit une mesure de « sagesse » du gouvernement mais constate que si « la France n’est ni la Turquie ni la Corée du Nord et qu’il ne faut pas chercher malice quand nécessité fait loi. (…) D’attestations dérogatoires en couvre-feux, de produits non essentiels en fermetures administratives, l’inquiétude parfois persiste » sur la question de la liberté. Or la liberté, de déplacement notamment est « la condition de la confiance » dans les institutions, rappelle le quotidien.