La moitié des centres de quarantaine ont fermé leur porte ce week-end à Shanghai. Signe d’un recul des infections, même si le retour à une vie normale semble encore loin pour les confinés. Même chose à Pékin où les restrictions sanitaires ont encore été renforcées ce dimanche.
De notre correspondant à Pékin,
Si les haut-parleurs ont appris à dire merci, les résidents du grand district de Chaoyang à Pékin ne voient déjà plus passer les semaines. « Merci de vous pliez aux consignes sanitaires, merci de porter un masque », ressassent les enceintes posées à l’entrée de ces tentes bleues et blanches que l’on retrouve désormais à tous les coins de rues de la capitale chinoise. Depuis onze jours, le passage par ces stations provisoires de tests PCR est devenu un rituel quotidien pour la plupart des Pékinois, week-end compris.
Confinements ciblés
En dehors des oiseaux que l’on entend plus que d’habitude, de la fermeture des commerces et de la disparition du trafic automobile qui semble avoir été aspiré par un trou noir, ce dimanche à Pékin pourrait presque paraître ordinaire. De jeunes promeneurs à vélo sourient au ciel bleu dans les vieilles ruelles. Des enfants jouent au ballon dans les espaces verts des résidences sans cas de Covid, alors que leurs parents tentent de sortir bols et baguettes sur une nappe dépliée au grand air. Les rassemblements familiaux et amicaux sont déconseillés en période d’alerte épidémique, mais certains gardiens sympathiques détournent le regard. Sachant que de toute façon, cette tolérance ne s’applique que pour des résidents multi-testés.
Hors des lotissements communautaires, tout est fermé ! Les pique-niques sont interdits dans les rares parcs de la capitale restés ouverts et seule une partie des restaurants proposent des plats à emporter. Profiter des beaux jours, alors que les mesures de confinement peuvent tomber à tout instant : la rumeur d’une mise sous cloche de la capitale a déclenché une ruée sur les supermarchés cette semaine. Le confinement généralisé n’est pour l’instant pas à l’ordre du jour, mais il ne faut pas grand-chose pour se retrouver enfermé.
Depuis trois jours, Lionel est ainsi contraint de rester chez lui. Ce Français installé dans le quartier d’Anzhen à Pékin, a eu la mauvaise idée d’entrer dans un centre commercial dimanche dernier. Un cas positif était passé avant lui. Le bornage de son portable a aussitôt déclenché le « big data », suivi par un coup de fil des brigades sanitaires deux jours plus tard.
« Je ne sais pas exactement qui m’a appelé, confie-t-il. On m’a juste demandé si j’étais entré dans le mall. Ensuite, ils m’ont dit de ne pas sortir de mon appartement et de faire des autotests tous les jours. » Lionel n’est pas le plus à plaindre. « C’est un confinement de base à titre préventif, ma porte n’est pas bloquée et si tout va bien je serai libéré ce soir, poursuit-il. J’ai en revanche des amis dont la résidence a été complètement fermée. Ils reçoivent le ravitaillement des comités de quartier et ils n’ont pas le droit de se faire livrer. »
Des confinements récurrents, mais pour l’instant ciblés et adaptés en fonction des cas. Les autorités veulent absolument éviter l’escalade sanitaire de Shanghai et l’image désastreuse qu’elle a entraîné pour la gestion épidémique aux « caractéristiques chinoises ». « La probabilité que la situation infectieuse actuelle à Pékin ne se transforme en épidémie à grande échelle est très faible », a affirmé ce samedi Wu Zunyou, chef épidémiologiste au centre chinois de contrôle et de prévention des maladies.
Médecins mobilisés pour les tests
Pékin n’est pas Shanghai. Les autorités se répètent le mantra de manière à conjurer le sort, tout en renforçant les mesures de restrictions. Les personnels de la prestigieuse université Tsinghua doivent désormais vivre en « boucle fermée ». À l’image des ouvriers dans les usines et des étudiants, les professeurs et agents administratifs sont tenus de ne plus quitter le campus. « La situation épidémique à Pékin reste grave et complexe, et la multiplication des foyers infectieux ajoute de l’incertitude au contrôle de l’épidémie », selon les autorités locales. Les mesures sont ciblées, mais de plus en plus étendues.
Ce dimanche, les transports publics, les taxis et les livraisons ont été suspendus à Fangshan, dans le sud-ouest de la capitale chinoise. Les habitants seront lundi obligés à leur tour obligé de télétravailler, suite à la découverte d’un cluster dans une entreprise locale de messagerie express. Par ailleurs, des dizaines de quartiers sont classés en zones dites « scellées » à Pékin. Les points rouges correspondants aux nouveaux cas positifs apparaissent tous les jours sur les applis, mais difficile de faire le compte avec précisions du nombre des confinés. Pour la journée de ce samedi, 33 nouveaux cas d’infections confirmées ont été rapportés, selon les chiffres officiels.
Depuis le 22 avril, un peu plus 1 000 patients ont été admis dans les hôpitaux désignés de la capitale pour traitement Covid. « Depuis trois semaines, les contaminations sont en recul à Shanghai, note une serveuse pékinoise désœuvrée, mais ici on ne sait pas trop ce qui va se passer demain. » La capitale économique chinoise a fermé la moitié de ses centres d’isolement pour asymptomatiques samedi et les autorités sanitaires espèrent un retour au « zéro social » le 20 mai, autrement dit sans nouveaux cas de contamination en dehors des quarantaines et des hôpitaux. Mais pour l’instant, la grande majorité des Shanghaïens restent confinés. « Ce n’est pas le cas ici, mais comme les Shanghaïens, nous avons maintenant du mal à voir les médecins qui sont tous mobilisés pour les tests Covid, même les rappels de vaccins sont difficiles à réaliser par les temps qui court », poursuit la jeune femme qui n’arrive pas à obtenir un rendez-vous avec son gynécologue.
Lionel lui se veut positif, sachant que la situation peut toujours se dégrader : « On est resté 21 jours confinés pendant les Jeux olympiques, se souvient ce dernier. Ma résidence avait été entourée de tôles (ndlr des palissades bleues en métal sont installées autour des « zones scellées » à Pékin), suite à la découverte d’un cas positifs dans l’immeuble d’à côté. On avait suivi les jeux à la télé, mais on avait vu le feu d’artifice depuis la fenêtre. » AVEC RFI