Crainte pénurie denrées alimentaires: le ministre du Commerce rassure pour le court terme, les boulangers craignent le virus dans le pain

Face à la propagation du coronavirus, devenue pandémie jusqu’à bouleverser les échanges commerciaux dans le monde, au Sénégal, une pénurie des produits alimentaires se profile à l’horizon semant l’inquiétude chez les consommateurs. Hier, lors d’une réunion tenue avec les acteurs du commerce intérieur, Mme Assome Diatta, le ministre du Commerce et des PME a fait savoir que, pour le moment, notre marché est suffisamment approvisionné en denrées alimentaires. Quant aux boulangers, ils prônent l’arrêt immédiat de la vente des baguettes de pains dans les boutiques pour éviter une propagation du coronavirus par voie alimentaire.

La santé collective sous menace du Covid19, les estomacs face au péril d’une famine ! Mais le ministre du Commerce, Mme Aminata Assome Diatta, a tenu à rassurer les consommateurs lors d’un conclave regroupant les acteurs du commerce intérieur sur l’impact du coronavirus sur le marché national. « Je voudrais dire à l’endroit des consommateurs que notre marché est suffisamment approvisionné en denrées alimentaires. Il faudrait donc que nous évitions certains comportements qui pourraient conduire à des situations de spéculation. Parce que si le consommateur fait des achats convulsifs, il va sans dire que le niveau de stock prévu pourrait s’épuiser très rapidement alors que la situation ne l’exige point », a-t-elle tranquillisé.

A l’en croire, dans le cadre du suivi de l’approvisionnement du marché, un comité de veille national est mis en place. Ce comité est composé des opérateurs économiques mais également de certaines structures importantes. Il sera décentralisé dans les régions. Certains gouverneurs ont d’ailleurs été saisis pour le suivi des stocks dans leurs régions respectives afin de permettre au comité national de prendre des mesures idoines si nécessaire. Toujours dans la panoplie des mesures concoctées par l’Etat -pour garantir la stabilité commerciale du pays et la santé des populations, la ministre Assome Diatta s’est engagée à prendre les actes règlementaires requis par la situation. « Nous accordons une importance particulière au respect strict des prix des produits puisqu’il ne faudrait pas profiter de cette situation pour faire de la spéculation. Pour la sécurité sanitaire et alimentaire, je signerai très prochainement un arrêté fixant les prix des gels hydro-alcooliques. En fonction de l’evolution de la maladie, nous prendrons des mesures idoines en collaboration avec le ministère en charge de la Santé », a-t-elle lancé à l’endroit des commerçants.

Par rapport au ralentissement des exportations, la ministre du Commerce a assuré que son évolution au plan international est très suivie par les autorités compétentes qui, d’après elle, anticiperont éventuellement sur des difficultés d’exportation de certains produits vers les pays de l’Union européenne qui absorbent environs 25 % de nos exportations.

Le virus dans le pain, la phobie des boulangers
Si le directeur du Commerce intérieur a rassuré les adeptes du pain sur la quantité de farine en stock sur le marché, les boulangers, eux, ont dit que leurs craintes se situent au niveau d’un éventuel contact entre le coronavirus et le produit en question. Interpellant la ministre du Commerce, Amadou Guèye, le président de la fédération des boulangers du Sénégal, a suggéré l’arrêt immédiat de la distribution anarchique des baguettes de pain dans les boutiques par mesure de prudence. Madame le ministre, apostrophe t-il, « on parle de 8 millions de baguettes de pains produites par jours au Sénégal. Or, sachez que, dans cette production, les 75 % sont distribués. Et, dans le contexte de cette pandémie, évitons qu’un cas soit mis dans la boulangerie. Cela va faire un effet boule de neige dans ce pays, je vous assure. Certes, le pain cuit à 250 degrés. Mais vous savez que, s’agissant du coronavirus, on parle de 26 à 27 degrés de résistance. Les risques peuvent être moindres dans une boulangerie si nous imposons les mesures nécessaires : gel et gants. Il faut qu’on arrête immédiatement la distribution du pain. Mme la ministre, il faut faire un choix ! La disponibilité du pain ou bien la santé des Sénégalais » a proposé, dans une sorte de dilemme cornélien, le représentant des boulangers nationaux au ministre du Commerce, Mme Aminata Assome Diatta, toute ébahie.

Confiant ses inquiétudes relativement à une éventuelle propagation du Covid19 par voie alimentaire, Amadou Guèye, le patron des boulangers de notre pays, invite les consommateurs à un changement de mentalités. Selon lui, il faut des mesures draconiennes sur la production pour permettre aux sénégalais d’échapper à cette pandémie. «Pourquoi ne pas demander aux consommateurs de se déplacer jusqu’aux boulangeries pour plus d’hygiène sur la chaine de distribution du pain comme le font la plupart d’entre eux durant le mois de ramadan ? » a-t-il aussi suggéré.

La demande en riz couverte pour deux mois et demi
D’après Ousmane Mbaye, le directeur du Commerce intérieur, la quantité de riz actuellement en stock sur le marché tourne autour de 250.000 tonnes qui peuvent couvrir la demande pendant deux mois et demi. «Ce stock représente l’équivalent de deux mois et demi de consommation au Sénégal. Et en perspective des importations du mois d’avril, va se rajouter la même quantité. Ce qui en somme pourra couvrir les besoins du marché», a rassuré M. Mbaye. A propos des autres denrées alimentaires, le directeur du Commerce intérieur a dessiné une courbe similaire.

A l’en croire, on retrouve la même configuration s’agissant des autres produits comme l’huile dont une bonne part nous provient de la sous -région notamment du Ghana et de la Côte d’Ivoire. «Pour le sucre, la situation est tout autre parce que nous avons une production exclusivement locale avec 43000 tonnes de stock. Pour le blé, un produit qui sert à fabriquer de la farine et du pain, nous avons 85000 tonnes sur le marché qui peuvent couvrir la demande pratiquement pour 1 mois et demi et les prévisions d’arrivée dépassent 70.000 tonnes. Donc, l’essentiel des produits de grande consommation dont nous avons besoin pour remplir le panier de la ménagère sont disponibles de façon » a tranquillisé le directeur du Commerce intérieur, M. Ousmane Mbaye, avant de prier les consommateurs de ne pas se ruer sur les marchandises pour ne pas perturber le marché.