Entre Paris et Rome, le torchon brûle. Au coeur des tensions, l’« Aquarius », le navire transportant 629 migrants. L’Italie a refusé que le bateau accoste sur ses côtes. Emmanuel Macron a dénoncé la part de « cynisme » et d’« irresponsabilité » de Rome. Le navire lui a pris la direction de l’Espagne et de Valence. Mais la polémique ne retombe pas. Le ministère italien des Affaires étrangères a convoqué ce matin l’ambassadeur de France à Rome. Matteo Salvini affirme que « l’Italie toute entière attend des excuses officielles»mais Paris dit n’avoir reçu aucune demande officielle d’excuse. La venue du Premier ministre italien à l’Elysée vendredi semble compromise
L’ambassadeur de France à Rome Christian Masset était en déplacement à Milan, raconte lacorrespondante de RFI à Rome, Anne Le Nir. C’est donc le numéro 2 du Palais Farnese, Claire Rollin (chargée des Affaires étrangères) qui s’est rendue à la convocation du ministère des Affaires étrangères. Elle a été reçue par le chef de la diplomatie italienne, Enzo Moavero Milanesi durant plus d’une heure. Pour le moment rien ne va dans le sens de l’apaisement.
Propos « inacceptables »
Un communiqué du ministère italien des Affaires étrangères souligne que les propos de représentants du gouvernement français sur la gestion du cas de l’Aquarius sont « inacceptables ». Et qu’ils compromettent sérieusement les relations entre la France et l’Italie. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Matteo Salvini, qui s’est exprimé devant le Sénat affirme que « l’Italie toute entière attend des excuses officielles ». Et il invite Emmanuel Macron à « faire preuve de sa générosité de manière concrète, en accueillant dès demain matin » les 9 176 demandeurs d’asile qui doivent encore être transférés d’Italie en France, selon les accords européens de 2015.
« En trois ans la France, a-t-il hurlé sous des applaudissements très nourris, s’est contentée d’en prendre 640 sur 9 816 » ! Et de conclure qu’il approuverait totalement le chef du gouvernement- Giuseppe Conte si celui-ci annulait son déjeuner avec Emmanuel Macron, prévu ce vendredi, faute d’excuses de la part de la France.
« Dialogue et coopération »
La France de son côté s’est dit « attachée au dialogue et à la coopération » avec l’Italie sur la gestion de la crise migratoire qui frappe l’Europe. « Nous sommes parfaitement conscients de la charge que la pression migratoire fait peser sur l’Italie et des efforts que ce pays fournit. Aucun des propos tenus par les autorités françaises n’a bien entendu remis cela en cause », a ajouté le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
L’Elysée tente de calmer le jeu et indique n’avoir reçu à ce stade aucune demande d’excuses de la part de la présidence du Conseil italien. En déplacement dans l’ouest de la France, Emmanuel Macron a condamné « la politique du pire qui place tout le monde sous l’empire de l’émotion », tout en assurant qu’il continuerait à travailler « main dans la main avec l’Italie ».
Le ministre italien de l’Economie, Giovanni Tria, a annulé sa rencontre prévue ce mercredi 13 juin en fin d’après-midi avec son homologue français Bruno Le Maire. La rencontre a été reprogrammée « dans quelques jours », selon le ministère de l’Economie.