La « déception » est le sentiment le mieux partagé au sein des travailleurs de Dangote Cement Sénégal, à Pout, après la visite des installations de l’usine effectuée, ce mardi 15 décembre 2020, par le ministre en charge des Mines, M. Oumar Sarr. Lequel prétend n’avoir « pas été au courant du « différend » qui oppose le collège des délégués du personnel à la direction de l’entreprise. Laquelle risque de perdre « plusieurs milliards FCFA en trois jours» si les travailleurs mettent à exécution leur menace d’aller sous peu en grève « si rien n’est fait ».
Les doléances des travailleurs de Dangote Cement Sénégal tournent autour d’un certain nombre de points relatifs à « l’augmentation des salaires et sa rétroactivité depuis janvier 2020 selon les procédures de Dangote Cement Sénégal après les évaluations annuelles, la renégociation dans sa globalité, la prime de production, la revalorisation des salaires des travailleurs pour atteindre le niveau des deux concurrents, l’augmentation des indemnités de logement à hauteur de cent-mille (100.000) francs CFA, pour l’accès à un logement décent, la révision du mode de calcul des heures supplémentaires et des forfaits ».
Sans compter « le reclassement du personnel conformément à la convention des mines et carrières, la finalisation de la grille salariale afin de corriger les disparités, la revalorisation de la prime de quart, l’achat de nouveaux minibus pour le transport sécurisé des travailleurs en régime shift, le respect des accords par rapport aux itinéraires, l’octroi d’une prime de risque et de prêt de longue durée à tous les travailleurs, l’application au Sénégal des avantages du ‘’hand book’’ défini par le siège du Nigeria dans son intégralité ».
Aussi le Collège des délégués du personnel de Dangote Cement Sénégal insiste sur « la mise sur pied d’une Assurance maladie avec une couverture pour des évacuations et soins en France à hauteur de 100% » et « la révision du mode remboursement actuel des dettes au titre de l’IPM ».
Face à cette situation, le ministre Oumar Sarr a tenu à faire comprendre : « Je ne suis pas au courant de la présente situation au niveau de l’usine, mais ici nous sommes au Sénégal mais pas au Nigéria, et ça m’étonnerait qu’on applique une règlementation nigériane dans ce pays. Ce sont les lois sénégalaises qui s’appliquent ici, mais, peut-être, sur certains aspects, il y a l’esprit de l’entreprise, je suppose, parce que c’est tout un ensemble, c’est un bloc. Je ne connais pas bien ce dossier-là, je vais donc prendre les informations nécessaires pour pouvoir, sur cette base-là, me prononcer sur la question, et s’il y a des actions concrètes à mener, je le ferais en relation avec mes autres collègues directement intéressés par ce secteur » a évacué prudemment le nouveau ministre, rapporté par Le Témoin.
«Dangote Cement ne respecte ni la législation sénégalaise ni les autorités du pays»
Selon les employés de la cimenterie Dangote, rapportés par nos confrères « nos salaires sont très peu comparés à nos deux concurrents (Ndlr, Ciments du Sahel et Sococim) ». Ils invitent le président de la République Macky Sall et le président du Cese, Idrissa Seck, « un fils du terroir », à se prononcer sur la question, avant qu’il ne soit trop tard. El hadj Oumar Baldé et ses camarades précisent que « des négociations ont été menées il y a de cela 3 ans et la direction générale avait promis d’augmenter, chaque année, les salaires et cela a été fait pendant plus de trois ans. Cette année, elle décide de ne pas le faire prétextant l’existence de la Covid-19 ». Toutefois, ils disent ne pas demander des « augmentations par rapport à l’année 2020 », mais plutôt, à « l’année 2019 ».
A les en croire, « Dangote Cement Senegal n’a pas été impacté par la Covid 19. Nous en voulons pour preuve les importantes recettes glanées par l’usine, qui a atteint son objectif. Nous avons une capacité de production de 1 million cinq cents mille tonnes; elle n’a qu’à communiquer ses réalisations d’aujourd’hui ».
Selon ces employés de l’usine, qui se sont exprimés dans les colonnes du journal Le Témoin« Les responsables de Dangote Cement se préoccupent peu des lois sénégalaises. Ils ne respectent pas la législation sénégalaise ni les autorités du pays. Il n’y a que 20% qui sont des travailleurs embauchés, tout le reste, ce sont des sous-traitants. S’ils vous signent un contrat de 2 ans, après, vous êtes mutés chez quelqu’un d’autre. Vous êtes dans une autre entreprise, on vous demande de venir à Dangote, après un entretien avec le DRH de l’usine, au moment de signer le contrat, on amène celui d’un sous-traitant ». Mais puisque le ministre Oumar Sarr n’était pas au courant de toutes ces pratiques qui frisent l’esclavagisme…