Dans une tribune, Emmanuel Macron prône une «renaissance européenne»

A moins de deux mois des élections européennes, le président français Emmanuel Macron publie ce mardi 5 mars une tribune dans des journaux de tous les pays de l’Union – y compris la Grande-Bretagne. Il y défend la vision d’une Europe qui protège face aux défis migratoire, climatique ou sécuritaire que doit relever le continent.

La tribune, mise en ligne en français sur le site de l’Elysée, est intitulée « Pour une renaissance européenne » et sera diffusée ce mardi dans les 28 pays membres de l’UE et autant de langues, auprès de prestigieux quotidiens européens comme The Guardian(Royaume-Uni), Die Welt (Allemagne), El Pais (Espagne) ou encore le Corriere della Serra(Italie).

Elle s’articule autour de trois thèmes qui font d’ailleurs écho à sa propre campagne présidentielle de 2017 (liberté, protection et progrès).

A quelques semaines du Brexit, Emmanuel Macron dramatise l’enjeu : « Jamais l’Europe n’a été autant en danger », plaide le chef de l’État. « Si je prends la liberté de m’adresser directement à vous, c’est parce qu’il y a urgence », poursuit-il. Contre le repli nationaliste, contre le statu quo et la résignation, Emmanuel Macron trace le chemin de ce qu’il appelle « une renaissance europénne ». Pour lui, ce n’est pas de moins d’Europe dont les peuples ont besoin mais d’une Europe plus forte, d’une Europe qui protège.

Police aux frontières, traité de défense, préférence européenne…

Face au défi migratoire, Emmanuel Macron propose la création d’une police des frontières communes et d’un office européen de l’asile ; face au désengagement américain de l’Otan, il souhaite la mise en place d’un traité de défense et de sécurité ; face aux ambitions des entreprises étrangères, il veut assumer une préférence européenne dans les secteurs économiques stratégiques ; il souhaite également la remise à plat de Schengen.

Sur la table, en tout, une douzaine de propositions. Emmanuel Macron veut aussi instaurer un salaire minimum européen, une banque pour financer la transition écologique ou encore une agence pour lutter contre les cyberattaques. Il suggère enfin la mise en place d’une Conférence pour l’Europe d’ici la fin de l’année.

La campagne des Européennes lancée

Aucun chiffrage de ces propositions n’est avancé. Cela n’est pas un manifeste mais une contribution au débat, assume un conseiller du président, pour qui « Emmanuel Macron plante le décor de la campagne européenne ». De fait, ses conseillers ont beau s’en défendre, cette tribune ressemble à s’y méprendre à un programme électoral, rédigé par un président en campagne.

Emmanuel Macron désigne ses adversaires : les « nationalistes » et les « exploiteurs de colère »… Il cible également la Russie quand il défend la création d’une agence de protection des démocraties contre les cyberattaques, mais aussi les Américains, quand il prône la mise en place d’un « traité européen de défense ».

Pour ne pas avoir l’air de jouer les cavaliers seuls, Emmanuel Macron a prévenu ses homologues de son initiative. Mais c’est bien seul qu’il signe cette tribune. Dans la bataille pour les élections européennes, il vient de tirer le premier coup.

 

Rfi