Décision de Yewwi d’aller aux législatives avec la liste des suppléants : Couardise ou réalisme ?

Décision de Yewwi d'aller aux législatives avec la liste des suppléants : Couardise ou réalisme ?

Après avoir crié urbi et orbi qu’il n’y aura pas d’élection sans sa liste de titulaires Yewwi Askan Wi a finalement changé de fusil d’épaule en décidant de compétir avec la liste de ses suppléants. Ce revirement de cette coalition relève-t-il de la couardise comme veulent le faire croire certains tenants du régime ? Ou d’un réalisme destiné à ne pas faire tomber le Sénégal dans un chaos qui profiterait plus au régime, qui pourrait décréter l’État d’exception, renvoyer les élections aux calendes grecques et continuer à régner sans partage pour dérouler un agenda comme le prétendent certains ? Tribune
Depuis que la coalition Yewwi Askan Wi qui clamait à cor et à cri qu’il n’y aurait pas d’élection sans la participation de sa liste nationale de titulaires s’est ravisée pour décider d’aller finalement compétir avec ses suppléants, ils sont nombreux les tenants du régime à dire à qui veut l’entendre que Yewwi a fait preuve de couardise, car sachant qu’elle aurait été matée par la force publique. Ce qui pousse à se demander si ce revirement de Sonko, Khalifa et compagnie découle vraiment d’une couardise ou relève du réalisme politique ?

Une question qui mérite réponse, car ils sont aussi nombreux ceux qui soutiennent que dans la situation actuelle un chaos ne profiterait qu’au pouvoir, qui pourrait prendre prétexte de cette situation pour décréter l’état d’exception, renvoyer les élections aux calendes grecques et continuer à régner sans partage pour dérouler un agenda.

Mais, quels que soient les arguments des uns et des autres, ce qu’il convient de retenir est que nul n’a le droit de brader les seules véritables richesses du pays que sont la paix et la stabilité.

Aussi, ce qu’il faut constater pour le déplorer, aujourd’hui, le fossé entre le pouvoir et l’opposition ne cesse de se creuser du fait des décisions unilatérales du pouvoir.

Pourtant, au plus fort des crises, Senghor et Diouf appelaient Wade pour apaiser le climat et trouver des solutions consensuelles. Ce qui est loin d’être le cas pour le pouvoir actuel qui a décidé à réduire son opposition à sa plus simple expression, a tendance à utiliser l’argument de la force plutôt que la force de l’argument. En attestent ces propos de Yankhoba Diattara un des ministres du gouvernement qui déclarait : «Nous avons la loi, la justice et l’autorité avec nous»

« En fin de mandat, on attend de lui qu’il tienne parole et qu’il prépare le passage de témoin pour éviter de plonger le pays »

D’ailleurs, le constat est que le régime n’hésite jamais en à abuser. Et la preuve la plus illustrative est sa propension à se doter de dispositifs juridiques qui jurent d’avec les droits constitutionnels des citoyens.

Une situation à déplorer, car le pouvoir ne doit pas être considérée comme un instrument de domination au service d’un clan, mais plutôt comme un outil de progrès au service de tous. Donc, en tant que détenteur de tous les leviers, et père de la Nation, ce qui était attendu de lui, ce n’est pas qu’il se mue en père fouettard, mais qu’il fasse preuve de grandeur et dépassement pour pacifier le champ politique.

Mais, en interdisant à tout va les manifestations de son opposition la plus radicale sous des prétextes fallacieux, alors que la Constitution lui permet de manifester, ce pouvoir fait dans l’abus d’autorité.

Même chose s’il décide d’aller aux élections avec des listes incomplètes, malgré les contestations de l’opposition et les dénonciations contenues dans le manifeste signé par 51 professeurs de droit, sans compter Me Doudou Ndoye et Ibrahima Fall, qui comme s’ils s’étaient tous passé le mot, ont tous récusé la décision des 7 sages.

Si pour les universitaires «le Conseil constitutionnel n’a pas dit le droit et n’honore pas le monde du droit», Me Doudou Ndoye pour sa part soutient que «le droit n’a pas été dit, la Constitution a été violée et le code électoral n’a pas été appliqué légalement»

Quant au professeur Ibrahima Fall, il déclare que «l’interprétation et l’application du code électoral par le gouvernement et par le Conseil constitutionnel sont tronquées et crisogènes». Face à cette situation, n’aurait il pas été plus sage d’engager de larges concertations pour essayer d’aplanir les différends pour aller à des élections apaisées ?
Pourtant, le régime Apr est prompt à monter au créneau pour parler de préservation de la paix, alors que la paix c’est avant tout un comportement qui se négocie au quotidien. Pour que la paix puisse s’installer de façon durable, il faut qu’elle soit adossée à la vérité et à la justice.

Et aujourd’hui, on doit, à la vérité, de dire que tous ces problèmes qui agitent le pays actuellement, ont en toile de fond le troisième mandat, alors que cette question n’aurait même pas dû se poser aujourd’hui.

Parce que ce que l’on attendait du Président Sall qui, dans les normes, en est à son dernier mandat, est qu’il se mette au-dessus de la mêlée, qu’il fasse organiser les élections les plus transparentes et pacifiées qui soient étant donné qu’il ne doit plus être candidat s’il accepte de se conforme aux dispositions de l’article 27 de la Constitution, lesquelles stipulent que «nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs».

D’ailleurs, après avoir dit et redit lui-même en 2018 qu’il a verrouillé la Constitution et qu’après 2019 en cas de réélection, il en aurait terminé. Aussi, à 16 mois de la fin de son mandat, on attend de lui qu’il tienne parole et qu’il prépare le passage de témoin pour éviter de plonger le pays dans des situations troubles. La patrie avant le parti !!!

Tribune

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