En 2016, pour bien prendre en compte la préoccupation de la diaspora Sénégalaise, le président Sall avait cru bon, d’inclure dans son référendum de réforme constitutionnelle un point essentiel. Celui de l’érection de la Diaspora en circonscription électorale dans le dessein d’impliquer celle-ci aux instances institutionnelles de prises de décisions.
Ainsi par voie référendaire, la diaspora sénégalaise est autorisée à désigner ses représentants à l’Assemblée nationale. Aux élections législatives du 30 Juillet 2017, quinze députés des Sénégalais de l’extérieur font leur entrée à la Place Soweto. Un moment politique historique, malgré une vague de contestation de l’opposition qui était vent debout contre cette réforme constitutionnelle.
Deux ans après leur entrée en fonction à l’Hémicycle, ReseauNews s’intéresse à la mission de ses parlementaires qui avaient juré aux immigrés de prendre en main leur préoccupation.
Aujourd’hui, le constat est amer. Sur la quinzaine de députés (12 hommes et 3 femmes), seuls deux députés se font distinguer. Il s’agit de Mame Diarra Fam, députée du Pds, élue sous la bannière de la coalition Gagnante Wattu Sénégal Europe du Sud ; et Demba Babel Sow l’ancien patron de la DSE-APR-France, élu de la coalition BBY Europe du Nord.
Mame Diarra Fam, la comédienne de Soweto
La première, élu au même titre que ses camarades Nango Seck (BGG-Italie) et Mor Kane (PDS-Espagne), s’est distinguée à l’Assemblée nationale de manière spectaculaire. Symbole d’une Assemblée au niveau très bas, Mame Diarra Fam est plus une comédienne qu’autre chose. Elle a compris que pour exister au Sénégal, il faut faire le buzz. Et elle ne s’en prive pas théâtralement.
Incapable de porter la moindre initiative, elle a opté pour les coups d’éclats. Et ça marche. La presse, au lieu de s’intéresser à la profondeur du discours de nos parlementaires, tombent dans la facilité en la portant au pinacle. Comme elle cherchait un comédien pendant les sessions du Parlement, elle vient d’en trouver une. Et elle est brillante en la matière.
Comble du malheur, c’est la même Mame Diarra Fam, capable de nous balancer une photo de son pèlerinage à la Mecque sur les réseaux sociaux , le lendemain elle se transforme en une marraine généreuse dégainant des billets de banque à l’endroit de sa cancatrice, puis finissant sa course au Palais avec ses collègues députées. Celles-ci reçues par la première dame, elle y ressortent avec une enveloppe de 500 000F CFA. Incroyable Sénégal ! On marche décidemment sur la tête. Une députée de l’opposition qui brocarde le président de la République le jour et le soir, est reçue par la femme de ce dernier, mange et bois à sa table, puis en ressort avec les poches bien remplies de billets de banque. Avec des députés comme ça, notre pays est loin de sortir de l’ornière. Pendant ce temps beaucoup de jeunes immigrés Sénégalaise résidant en Italie échouent dans une célèbre gare parisienne.
Demba Babel Sow, l’impuissant malgré la volonté
Membre de la mouvance présidentielle comme ses collègues de parti Niba Séne (France) et Hamady Gadiaga (Belgique), tous députés du département Europe du Nord du Centre et de l’Ouest, Demba Babel Sow, ancien Coordinateur de l’APR en France essaie de faire bouger les lignes. Toujours à l’écoute des Sénégalais de France, n’hésitant pas à s’impliquer pour venir en aide aux compatriotes en difficulté.
Depuis son installation, il se bat pour instaurer une taxe sur les envois d’argent des immigrés pour financer ceux qui sont porteurs de projets et veulent rentrer au pays. Un beau projet qui aurait pu aider beaucoup de nos compatriotes à franchir le pas du retour. Sa proposition de loi souffre dans les tiroirs de la commission des lois.
Mais Demba Babel Sow peine à convaincre les députés de la majorité sur la pertinence de ce projet. Cet échec qui ne dit pas son nom en dit long sur le poids et l’influence des élus de la diaspora au sein de l’Assemblée nationale sénégalaise.
En effet, dans notre système démocratique, il est très rare de voir une proposition de loi votée. La quasi-totalité des lois entérinées sont des projets de lois. Et quand une proposition de loi réussie la prouesse d’être examinée en commission et en session du parlement, c’est qu’elle a été parrainée par le pouvoir Exécutif.
Manque de charisme et le leadership
C’est dire que si M. Sow, malgré sa volonté, n’a pas le poids et l’étoffe qu’il lui faut pour influer sur le gouvernement et ses « frères » députés. Quant aux autres députés de la diaspora, ils ne participent qu’au décor de l’Assemblée nationale, votent sans comprendre, applaudissent à tout va. Ils sont ni visibles, ni joignables profitant des atouts et des atours du poste. Ils constituent un conventicule au sein de l’hémicycle, glisse un employé de la Place de Soweto.
A mi-mandat, le bilan de ces quinze premiers députés de la diaspora est décevant. S’il est vrai qu’ils ne sont pas aidés par notre système démocratique qui consacre la toute-puissance du pouvoir Exécutif sur le Législatif et le Judicaires, ces parlementaires ont deux grands défauts : le charisme et le leadership. Les » GP » sont plus utiles que le reste disparu des radars des Sénégalais de l’extérieur, peste un compatriote résidant au pays de Mariannes.
Et la donne ne va pas changer tant que les mentalités de nos élus ne changent pas. S’ils continuent d’ignorer qu’ils sont élus au suffrage universel comme le président de la République , attendant l’injonction de celui du pour agir, il n’y aura rien de nouveau sous nos cieux jusqu’à l’extinction du soleil, comme dirait l’autre.