Des Russes se massent à la frontière entre le Mexique et les États-Unis

Des Russes se massent à la frontière entre le Mexique et les États-Unis

La guerre en Ukraine fait trembler l’Europe et provoque des millions de déplacés. Depuis le début du conflit, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés comptabilise plus de 3,5 millions d’Ukrainiens ayant fui leur pays. Les Russes aussi partent de chez eux en nombre, fuyant le régime de Vladimir Poutine. Certains d’ailleurs ne restent pas en Europe et partent très loin. Ils sont plusieurs milliers à avoir rejoint le Mexique et la frontière nord avec les États-Unis.

De notre correspondante,

Ils arrivent en tant que touristes en avion. Plusieurs vols permettent en effet de rejoindre Mexico ou Cancún depuis la Russie en passant par la Turquie ou la péninsule arabique. Ils n’ont pas besoin de visa pour entrer au Mexique et peuvent rester six mois. De là, la frontière américaine, notamment à Tijuana, est facilement accessible.

Difficile de savoir exactement combien de Russes sont dans le pays, encore plus de savoir combien ont l’intention d’essayer d’aller aux États-Unis. À la frontière, les observateurs ont vu les premiers Russes arriver dès l’été dernier et le phénomène s’est fortement accentué. En 6 mois, entre août 2021 et janvier 2022, plus de 8 600 personnes de nationalité russe ont demandé l’asile aux États-Unis.
À la recherche d’une protection

Alors pourquoi les Russes vont jusqu’à la frontière américaine à Tijuana ? Le Mexique est quand même très éloigné de la Russie et de l’Europe. Les Russes arrivés au Mexique fuient leur pays. Ce sont des opposants à la politique de Poutine, journalistes ou chefs d’entreprise. Ils veulent pouvoir demander une protection. Et comme tous les autres migrants qui passent à Tijuana, ils espèrent traverser et passer du côté américain pour faire une demande d’asile.

À la différence des autres nationalités à la frontière, les Russes sont généralement issus des classes sociales supérieures, donc ils ont plus de moyens. Ils ne fréquentent pas les refuges, mais résident dans des hôtels. Certains achètent ou louent même des voitures au Mexique pour avoir plus de chances de traverser et toucher le sol américain. Sauf que ce n’est pas si simple pour eux de passer aux États-Unis. Même si ces derniers jours, on a vu des familles ukrainiennes avoir des autorisations spéciales pour passer coté américain, les Russes restent bloqués à la frontière, avant même de passer de l’autre côté. Et quand ils sont arrêtés par les autorités américaines, ils sont refoulés au Mexique.

La règle est la même pour tous les migrants, quelle que soit leur nationalité. Cela vient du « Titre 42 », toujours en vigueur, c’est une mesure sanitaire instaurée par Donald Trump il y a maintenant deux ans. Elle interdit à tous les migrants d’entrer aux États-Unis pour déposer une demande d’asile. Seuls les Ukrainiens ont été exemptés de cette règle depuis quelques jours pour des raisons humanitaires à cause du conflit. Mais c’est la seule exception et pour tous les autres il n’y a pas de voie légale.

Et finalement, malgré les protestations d’une trentaine de personnes la semaine dernière au poste frontière San Ysidro , les Russes sont traités exactement comme les deux millions de migrants, qu’ils soient Mexicains, Centraméricains ou Haïtiens qui ont été refoulés cette dernière année par les autorités américaines.

rfi