Les mauvaises pratiques alimentaires persistent au Sénégal où la consommation de sel est comprise entre 20 et 30 g par jour, dépassant 4 à 5 fois les normes de l’Organisation mondiale de la santé (Oms). Selon un diagnostic du Secrétariat exécutif du Conseil national sur la sécurité alimentaire, le bol sénégalais reste dangereux pour la santé.
L’alerte lancée par les professionnels de la santé sur les risques d’une alimentation trop salée, sucrée et grasse semble tomber dans l’oreille d’un sourd. En effet, les mauvaises pratiques alimentaires persistent et le potentiel nutritionnel des ressources locales est faiblement valorisé.
«La restauration de rue connaît un accroissement considérable qui ne se conjugue pas avec une qualité du service et des conditions sanitaires des aliments», a déploré Aminata Korca du Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (Se/Cnsa).
Elle présentait la situation de l’alimentation au Sénégal dans le cadre de la première édition du Forum national sur les prospectives alimentaires.
A l’en croire, la consommation de sel au niveau national est comprise entre 20 et 30 g par jour et dépasse 4 à 5 fois les normes de l’Organisation mondiale de la santé (Oms).
Le Secrétaire exécutif du Cnsa, quant à lui, est convaincu que «le danger est dans le bol».
Jean-Pierre Senghor d’alerter : «Le contenu du bol est de plus en plus dangereux. De plus, le processus d’individualisation et d’externalisation consistant à manger dehors est un facteur d’insécurité pour le bol.»
Le Forum de 48 heures ouvert hier, se veut l’amorce d’une plateforme pérenne de dialogue national sur l’alimentation au Sénégal, notamment les modes d’alimentation qui préservent la santé des populations.
«Nos habitudes et modes de consommation actuels sont les facteurs contributifs essentiels à l’exposition notoire dans le pays, des cas de maladies chroniques non transmissibles (diabète, hypertension artérielle, etc.)», s’indigne M. Senghor.
D’après lui, au rythme où se développent au Sénégal ces affections métaboliques, les coûts pour l’Etat de la prise en charge médicale future du nombre croissant de malades dus à une alimentation inadéquate connaitrait une hausse exponentielle. «Ce qui constituerait à la fois un lourd fardeau et un manque à gagner pour notre économie du fait de la facture à payer et surtout de la baisse inévitable de performance, le cas échéant, dans la production de biens et services », avertit M. Senghor.
«Les recommandations de ce forum serviront d’intrant au dialogue national en cours sur le système alimentaire en prélude au Sommet sur le système alimentaire mondial en septembre 2021 à New York», informe le ministre de l’Agriculture et de l’équipement rural, Moussa Baldé, à la cérémonie d’ouverture du forum, qui servira par ailleurs, de cadre à l’élaboration d’un guide de l’alimentation, adossé à un plan de sensibilisation soutenu par un dispositif intersectoriel de veille alimentaire.
En mars 2021, le Se-Cnsa avait identifié 37 mille ménages en insécurité alimentaire. «De 37 mille ménages au mois de mars, nous avons projeté à 61 mille ménages, près de 500 mille personnes qui seraient dans une situation de crise en juin-juillet-août», a rappelé le Secrétaire exécutif du Cnsa
Le Quotidien