Le Parti socialiste (PS) se trouve dans une situation délicate de succession suite à la disparition brutale de son Secrétaire général Ousmane Tanor Dieng.
En plus de la situation de deuil qu’ils partagent avec la Nation toute entière, les Socialistes sont en réalité confrontés à une complexe situation d’unité et de leadership.
Les deux défis sont connexes car, manifestement, Tanor n’avait pas préparé un vrai dauphin, celui qui, à ses côtés, auraient assuré les conditions d’une succession paisible.
Le nom d’Aminata Mbengue Ndiaye a été avancé. Elle a le profil de l’emploi. La dame a été discrète et efficace dans ses missions. Mais elle a l’inconvénient de n’être vraiment ni tanoriste ni khalifiste. Or, en dehors de la rebuffade d’Aïssata Tall Sall lors de la dernière présidentielle, le parti s’était fissuré en deux camps, celui de Tanor et celui des khalifistes ou réformateurs.
Ce que nous voulons dire par là, c’est qu’Aminata va difficilement gérer le parti sans aucun groupe de soutien à l’intérieur, simplement parce que sur les statuts, c’est elle qui devrait le gérer.
Bien sûr, ce sera jusqu’au congrès. Mais on peut se demander si celui-ci va aisément se tenir dès lors que le leadership n’est pas clairement affirmé. On peut opter pour un congrès extraordinaire, mais, franchement, ce sera pour élire qui ?
En clair, le parti a besoin d’un sauveur, d’un rassembleur, d’un homme exceptionnel ou d’une femme exceptionnelle, capable de ‘’détanoriser’’ en douce et d’amorcer la renaissance.
A ce propos, la libération de Khalifa Sall pourrait être une sérieuse option à ce niveau. Et Macky pourrait aider aux retrouvailles entre Socialistes.
A défaut, son mouvement pourrait malgré tout entrer dans une dynamique de dialogue constructif avec les instances actuelles du parti et amorcer la dynamique de réconciliation avec une Commission ad hoc chargée de cette mission délicate.
Des tâches qui ne seront pas faciles. Le génie socialiste devrait prévaloir pour préserver l’héritage de Senghor mis à rude épreuve.
Malheureusement, il y a des risques réels d’effritement, un processus amorcé depuis Tanor qui, en réalité, gérait un géant aux pieds d’argile.
Si le nouveau Secrétaire général est nommé à la tête du HCCT, ce qui dépend de Macky, il pourra bénéficier des capacités financières lui permettant de travailler à rassembler.
Si par contre, s’il n’en est rien, le nouveau Secrétaire général qui risque de ne pas hériter de beaucoup de moyens, pourrait s’enfoncer dans une forme d’impuissance source de léthargie.
La situation du PS comme celle du PDS et même d’autres partis comme la LD, le PIT, l’AFP, etc., recèle de graves dysfonctionnements liés au compagnonnage avec le pouvoir qui n’est pas partagé par tous et à une gestion interne peu démocratique.
Leurs leaders qui se sont entêtés dans l’entrisme vont laisser un lourd héritage à leurs successeurs.
Ces grands partis seront largement dépassés dans les prochaines années par certains nouveaux gérés par de jeunes responsables aux idées révolutionnaires.
En clair, le PS va difficilement rebondir sans l’apport de tous, y compris de ceux qui étaient exclus. Or, cela demande beaucoup de compromis et même, parfois, des compromissions.
Tout se passe dans l’histoire du Sénégal comme si les grandes formations politiques étaient arrivées à une phase terminale de leur fonctionnement. Et les idées rétrogrades et conservatrices de leurs leaders avaient précipité le processus de désagrégation politique qui semble inéluctable. Si rien n’est fait en termes de management novateur, elles devront sombrer de plus en plus dans l’oubli pour n’être que l’ombre d’elles-mêmes.