Donald Trump appelle des élues démocrates à retourner dans leur pays d’origine

Aux États-Unis, Donald Trump a encore créé la polémique avec une série de tweets dominicaux agressifs. Cette fois, le président américain s’en est pris, sans les nommer, à quatre parlementaires démocrates. Quatre femmes récemment élues, qui se caractérisent par des positions très à la gauche du parti, et surtout issues de minorités. Donald Trump les a appelées à « retourner d’où elles viennent », des pays d’origine qu’il juge parmi « les pires, les plus corrompus et ineptes » du monde. Toutes sont américaines et trois sont nées aux États-Unis.

Donald Trump est coutumier des provocations et grossièretés. Mais dimanche, sa salve de tweets n’était pas anodine du tout. En quelques phrases, le président américain a confirmé qu’il voyait les États-Unis comme un pays de Blancs, que les autres n’avaient qu’à bien se tenir ou, en tout cas, qu’ils n’avaient surtout pas le droit de le critiquer, constate notre correspondant à New York, Grégoire Pourtier.

« Tellement intéressant de voir des membres femmes démocrates « progressistes » du Congrès, qui à l’origine viennent de pays dont les gouvernements constituent une catastrophe complète et totale, les pires, les plus corrompus et ineptes du monde (pour ceux qui au moins ont un gouvernement qui fonctionne), dire haut et fort et vicieusement au peuple des États-Unis, la plus grande et la plus puissante nation du monde, comment notre gouvernement doit être dirigé », a lancé M. Trump.

Et de poursuivre : « Pourquoi ne retournent-elles pas pour aider à réparer ces endroits totalement dévastés et infestés de crimes dont elles sont originaires ? Puis revenir nous montrer comment elles ont fait ? Ces endroits ont grandement besoin de votre aide, vous ne pouvez pas partir si vite. Je suis certain que Nancy Pelosi serait très heureuse de pouvoir rapidement vous organiser le voyage gratuitement. »

La stratégie très peu centriste du président Trump

Le chef d’État a ainsi invité à « retourner chez elles » les élues Rashida Tlaib, fille d’immigrés et première Américaine d’origine palestinienne à siéger au Congrès ; Ilhan Omar, réfugiée venue de Somalie lorsqu’elle était mineure ; Alexandria Occasio-Cortez, une Portoricaine – pourtant un territoire des États-Unis ; et même une Noire américaine dont la famille est installée depuis plusieurs générations dans le pays : Ayanna Pressley.

Ce faisant, le président Trump a tracé une ligne idéologique tout à fait claire. Donald Trump semble avoir choisi de durcir le ton à l’approche de la présidentielle 2020. Plutôt que de chercher à séduire l’électorat indécis, centriste, son objectif semble de mobiliser sa base, et de récupérer des voix le plus à droite possible. Pour l’heure, aucun élu de son camp n’a encore osé dénoncer cette vision extrême de la société américaine.

« Retourne dans ton pays », l’éternelle antienne

L’opposition démocrate, pour sa part, a jugé ces commentaires xénophobes et racistes. Le président prend tout de même un risque électoral. Car la majorité des Américains n’est pas raciste et que le vote des minorités pèse dans le scrutin. Et en attaquant des élues très à gauche, connues pour semer la zizanie chez les démocrates, il donne par ailleurs au parti d’opposition l’occasion de se rassembler.

La semaine dernière, comme insinué dans le tweet, la présidente de la Chambre des représentants, la démocrate Nancy Pelosi, avait en effet critiqué les discours très à gauche des personnes aujourd’hui visées, craignant que ces commentaires n’empêchent le Parti démocrate de battre Donald Trump. Mais sur cette affaire de tweet, elle a ainsi été la première à réagir, rejetant elle-même « des commentaires xénophobes destinés à diviser notre nation ».

Sur les réseaux sociaux, de nombreux Américains, élus ou non, ont rappelé qu’ils subissaient ce genre d’antienne – « retourne dans ton pays » – depuis leur enfance, et qu’entendre aujourd’hui ces mêmes mots dans la bouche de leur président était un choc. « C’est à CELA que ressemble le racisme. NOUS sommes ce à quoi ressemble la démocratie », a souligné Ayanna Pressley, l’élue noire américaine faisant partie des personnes visées.