Double meurtre de Madinatoul Salam : début du procès

Le procès de Cheikh Béthio Thioune ou le double meurtre de Madinatoul Salam réserve décidément beaucoup de surprises.
Démarré vers 09h 30, le président Thierno Niang n’a fait que deux pauses, l’une de 30 mn, la seconde d’une heure de temps.
Durant tout ce temps, les détenus sont restés sur place pour les besoins des travaux.
Face aux interrogatoires musclés des avocats, le nommé Cheikh Faye en bon Sérère et vu l’heure tardive (il faisait tard 18 h 40) alors qu’ils n’avaient rien dans leurs ventres, va attirer l’attention du juge Thierno Niang sur leur situation en ces termes : « Président on est là depuis ce matin, nous n’avons encore rien mangé… Je sais que les toucouleurs m’en voudront… »
Le président du Tribunal de grande instance de Mbour, très posé, répondra à notre Sérère pour l’assurer d’une diligence dans ce sens…

Le procès du double meurtre de Médinatoul Salam s’est ouvert hier devant la Chambre criminelle du Tribunal de Grande instance de Mbour. Pour cette journée, quelques accusés sur les 20 dont Cheikh Béthio Thioune (jugé par contumace), ont été entendus à la barre. Entre dénégations et rejet de la responsabilité, chacun a tenté de tirer la couverture de son côté, tout en lavant à grande eau leur guide, Cheikh Bethio, rapporte L’Observateur. Attrait de à la barre, Khadim Seck a déclaré que Cheikh Béthio lui «a remis son arme et lui a même laissé la directive de ne jamais laissé Bara Sow remettre les pieds dans sa concession ». Pour Abdoulaye Diouf, ferrailleur et disciple de Cheikh Bethio Thioune, le témoignage est glaçant. « Le jour des faits j’ai quitté mon chantier pour aller voir le combat ‘ Balla Gaye 2 vs Yekini. On m’a informé des échauffourées au domicile du Cheikh. Je suis automatiquement parti prendre mon gourdin pour me protéger. Mais je l’ai pas utilisé », a-t-il dit. Et d’ajouter : « Nous avions caché nos intention s à Cheikh Béthio Thioune et à Cheikh Faye, son Chambellan. Je précise que nous avions pris notre propre responsabilité de les enterrer, sans en informer auparavant Cheikh Faye, notre Dieuwrigne. Bara Sow et Abacar Diagne étaient déclarés persona grata à Médinatoul Salam. On les a inhumés vers 1 heure du matin ». Abdoulaye Diouf reconnait que ses camarades avaient caché à 500 mètres du domicile de Cheikh Béthio, les deux corps sans vie, à 20 heures, avant de les acheminer nuitamment dans la forêt. Toutefois, il dit ne pas ignorer les lois sur les inhumations pour avoir été à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Son condisciple Moussa Dièye a confié n’avoir pas participé à la bagarre qui a conduit aux meurtres, mais précise que c’est sa charrette qui avait servi à l’évacuation des corps. « Je les ai conduits sur les coups de 20 heures pour les déposer dans la forêt, reconnaît-il. Je ne peux pas dire exactement le nombre de personnes présentes mais il y avait Abdoulaye Diouf, Adama Sow dit Doss, Mouhammed Sène, Kalidou, Massamba Fall et autres à l’enterrement ». Pour sa part, Adama Sow a nié avoir donné l’ordre aux autres de faire du «barkélou » sur les corps sans vie gisant devant la porte de la concession du Cheikh. Pourtant certains accusés comme lui, ont été désignés comme ayant donné des coups aux cadavres en guise de « Barkélou ». Désigné comme le chef de file des commandos de Cheikh Béthio Thioune, Cheikh Faye a confié que le jour des faits, il a reçu un sms de son condisciple Alé Diouf qui lui demandait de sortir des appartements du Cheikh en urgence. C’est seulement lorsqu’il est sorti du bâtiment, qu’il a reçu des pierres qui pleuvaient sur la grande porte en métal. On lui dit que Bara Sow et son groupe ont investi les lieux et qu’il y avait des affrontements. Cheikh Faye révèle avoir appelé par téléphone le commandant de la gendarmerie, puis le Cheikh Béthio. Mais ce dernier lui a demandé de sortir de sa chambre, tout en lui conseillant de ne pas le déranger. C’est ainsi, qu’il est sorti pour aller régler le problème. Accusé d’avoir conduit le tracteur de répression pour écraser Bara Sow et son groupe, Pape Ndiaye a réfuté ces accusations. « J’ai été accusé à tort. Je n’étais même pas au courant des morts, au moment où les gendarmes enquêteurs m’auditionnaient, » se défend-il. En revanche, Massamba Fall qui reconnaît avoir escaladé le mur de clôture de la concession, a ramassé la première pelle trouvée sur les lieux de la bagarre où il a vu deux corps sans vie gisant sur le sol. « Je n’ai pas assisté au convoi mortuaire d’inhumation. J’ai seulement aidé mes condisciples à cacher les deux corps. J’ai tenu la tête pendante de l’un deux (Ababacar Diagne). Mais je n’avais pas identifié les corps », se défend-il. Le procès reprend ce mercredi à 9 heures.