Près de 110 tonnes de cocaïne ont été saisies par les autorités belges en 2022 dans le port d’Anvers, première porte d’entrée en Europe pour cette drogue expédiée d’Amérique latine, soit un nouveau record, ont annoncé mardi 10 janvier les douanes belges. C’est la première fois que la barre des 100 tonnes est dépassée.
Le port d’Anvers en Belgique est devenu la principale porte d’entrée de la cocaïne en Europe. Depuis six ans, les douanes belges y saisissent chaque année davantage de poudre blanche en provenance d’Amérique latine. Quelque 89,5 tonnes ont été interceptées en 2021 et donc 110 tonnes en 2022.À Rotterdam, aux Pays-Bas, les interceptions pour cette même drogue ont baissé à 52,5 tonnes contre environ 70 en 2021, a-t-il été précisé lors de la conférence de presse associant les deux pays voisins ce mardi matin à Beveren (Belgique), près d’Anvers.
Si le port d’Anvers est devenu une plaque tournante du marché de la cocaïne, c’est qu’il est particulièrement intéressant pour les trafiquants, rapporte notre correspondante à Bruxelles, Laure Broulard. C’est le plus grand port d’Europe en termes de superficie avec 129 kilomètres carrés et il est relativement ouvert. Il est en outre proche des Pays-Bas, le pays voisin, où de nombreux groupes de trafiquants sont implantés.
L’Europe, un juteux marché
À Anvers, les cartels profitent également de l’intensification du commerce maritime mondial et cachent le plus souvent la drogue dans les conteneurs de fruits venus d’Amérique latine, comme nous l’explique Florence Agelici, porte-parole des douanes belges. « On a beaucoup de lignes de fruits qui viennent d’Amérique latine vers le port d’Anvers et ces lignes sont intéressantes, car les fruits, on ne peut pas les bloquer sinon ils risquent de pourrir ». Les trafiquants peuvent aussi utiliser des troncs qui ont été creusés, poursuit Florence Agelici. « On va aussi trouver de la cocaïne liquide injectée dans les vêtements… Il y a beaucoup d’ingéniosité ».
Aujourd’hui la douane belge n’inspecte qu’entre 1,5 et 2 % des milliers de conteneurs qui transitent dans le port d’Anvers, c’est la norme en Europe. Et pourtant, les saisies sont gigantesques, et en constante augmentation. Comment expliquer alors l’ampleur du phénomène ? « Les trafiquants ont modifié génétiquement les plans de coca, aussi y t-il plus de récoltes et plus de drogue ». En outre, l’Europe est un marché « très étendu et où il est facile de circuler ». Autre souci : la consommation, « qui est en nette croissance » et touche des couches de population de plus en plus jeune, regrette Florence Agelici.
À Anvers, le trafic de cocaïne représenterait chaque année 50 ou 60 milliards d’euros, soit 10 % du PIB de la Belgique. En septembre dernier, un magistrat bruxellois s’est inquiété de voir le pays se transformer en narco État.
Les violences liées au trafic augmentent aussi
Les violences liées à la drogue ont fortement augmenté l’an dernier à Anvers. Il y a eu plusieurs explosions à la grenade à Anvers et hier soir (lundi), une fillette de 11 ans a été tuée à Anvers également. Le bourgmestre a établi un lien entre ce meurtre et « une guerre de la drogue en cours depuis des mois » dans la ville. Une information pas encore confirmée par le parquet.
De leur côté, les autorités ont intensifié la lutte contre les mafias de la drogue. En 2021, le démantètelement du réseau de messagerie cryptée Sky Ecc, opération conjointe de plusieurs polices européennes, avait permis de lever le voile sur l’ampleur du trafic dans le port d’Anvers, et sur l’implication de criminels néerlandais.
En septembre dernier, le gouvernement belge a annoncé un nouveau plan de lutte contre les mafias de la drogue de près de 400 millions d’euros, prévoyant un renforcement des capacités de la police et des douanes…
(et avec agences)