A midi, la plateforme Rakuten comptait « déjà plus de 500.000 annonces déposées » contre « 300.000 l’an dernier à la même heure », indique à l’AFP Alison Boutoille, directrice Marketing, qui prévoit plus d’un million d’annonces à la fin de la journée.
Un phénomène « de plus en plus assumé, de plus en plus large, puisqu’on a de plus en plus de gens qui revendent sur internet », estime Sarah Tayeb, responsable du pôle vendeurs de la plateforme eBay France.
Dès la matinée, les nouvelles annonces de cadeaux revendus s’accumulaient sur la plateforme, Mme Tayeb en attendant 130.000 pour midi contre 100.000 l’an dernier à la même heure.
« On pense qu’il y a une augmentation du pragmatisme par rapport aux fêtes de Noël, (…) du coup un réemploi, une sorte de tendance à l’économie circulaire, où on ne va pas garder un objet inutile chez soi, on va chercher à le revendre, et le cadeau de Noël perdant son côté sacré, on va se permettre de le revendre sur internet », estime-t-elle.
12% des Français ont revendu certains de leurs cadeaux de Noël sur internet en 2018 et 17% prévoyaient de le faire cette année, soit une augmentation de 42%, selon une étude Kantar réalisée pour eBay France.
Parmi les nouveautés qu’a pu observer Mme Boutoille, « des jeux d’une valeur assez faible, moins de cinq, moins de dix euros », mis en ligne suite à des « échanges de cadeaux au sein de l’entreprise entre collègues ». Parmi eux, des livres, mais surtout des gadgets comme des babyfoots de bureau.
Mais « le principal problème du cadeau de Noël, c’est le doublon, notamment tout ce qui est CD, livres, DVD. On s’attend à voir des CD de Johnny Hallyday en double sur eBay, on a beaucoup du nouvel album d’Astérix qui est un très gros succès, et peut arriver en double au pied du sapin », explique pour sa part Sarah Tayeb.
– Les acheteurs également au rendez-vous –
Comme l’a immortalisé la serpillière avec des trous plus grands pour les bras du film de Jean-Marie Poiré « Le Père Noël est une ordure » (1982), « choisir un parfum ou un vêtement pour quelqu’un d’autre, c’est toujours un risque », relève également Mme Tayeb.
35% des Français qui revendent les présents qu’ils ont reçus souhaitent d’ailleurs en profiter pour s’offrir un « cadeau vraiment souhaité », selon l’étude Kantar.
Mais preuve que les temps sont durs, 43% des personnes interrogées entendent se servir de la somme récoltée pour épargner, et 23% pour « financer Noël », selon cette étude.
Un besoin de liquidités qui explique peut-être des délais de mise en ligne toujours plus courts.
« En général, les temps de mise en vente sont divisés par deux. Ce ne sont pas que les vendeurs qui sont au rendez-vous, on a aussi les acheteurs qui connaissent ce marronnier », explique Alison Boutoille.
Ils escomptent acheter des cadeaux neufs, mis en vente selon elle à « 80% de leur valeur », une décote intéressante pour des articles parfois onéreux comme des smartphones.
Ceux-ci rapportent 200 euros à leurs revendeurs, contre 30 euros pour les jouets, selon une estimation du panier moyen par catégorie d’article établie par Rakuten.
Certaines catégories de personnes ont toutefois encore des réticences à profiter de cette manne potentielle: il en va ainsi des 16-34 ans qui, selon l’étude Kantar, sont plus nombreux que leurs aînés à garder leurs cadeaux non désirés (37% contre 22%), notamment par crainte d’être découverts.
Et pour les plus scrupuleux, il y a toujours la possibilité de donner, comme au musée parisien du quai Branly-Jacques Chirac, qui organise dimanche une collecte de jouets solidaires pour les enfants réfugiés, en partenariat avec l’Onu.
AFP