Depuis trois semaines, les médias en Egypte travaillent dans un climat de tension sans précédent. Les autorités du Caire ont lancé une série d’avertissements, de mises en demeure et de poursuites judiciaires à l’égard de plusieurs titres de presse et journalistes, égyptiens et étrangers.
Avec notre correspondant au Caire, Alexandre Buccianti
L’avertissement le plus sérieux est venu du procureur général égyptien. Ce dernier a publié un communiqué qui ordonne à ses services de « surveiller » les médias et les réseaux sociaux pour « appréhender ceux qui diffusent volontairement des informations mensongères de nature à porter atteinte à la sécurité et à l’intérêt de l’Etat ».
Il demande également aux services en charge des médias et des réseaux sociaux de rapporter au parquet toute « violation des chartes médiatiques ».
Des journalistes ont aussi fait l’objet de menaces ou de poursuites. L’Organisme général de l’information, chargé notamment de l’accréditation des médias et des journalistes étrangers, a accusé la BBC de diffusion d’un reportage « mensonger » sur la répression de la contestation.
Accusations de « conspiration »
La directrice du bureau de la chaîne britannique a été convoquée et la publication d’excuses a été exigée. Autrement, la situation de la BBC en Egypte « sera examinée ».
Un présentateur-vedette de la télévision étatique a par ailleurs été placé en garde à vue pour quatre jours pour « diffamation du ministère de l’Intérieur ». Enfin, deux jeunes journalistes ont été arrêtés à Alexandrie alors qu’ils faisaient un reportage sur le tramway rénové pour « travail sans permis ».
Les accusations de « conspiration » contre l’Egypte ont été largement reprises par une bonne partie des médias égyptiens. Résultat, la défiance s’est installée à l’égard des titres de presse étrangers. Ce climat s’étend aux médias égyptiens, qui sont désormais aussi regardés avec méfiance par l’homme de la rue.
rfi