Au Nigeria, les élections générales de samedi se tiennent dans un contexte social tendu. Exemple, avec le secteur de l’éducation. Les universités publiques ont suspendu vendredi une grève entamée le 4 novembre 2018 pour exiger le versement des fonds prévus pour réhabiliter les facultés publiques. Depuis 2013, un memorandum d’entente prévoit de moderniser les universités. Mais cet engagement des autorités fédérales n’a jamais été appliqué. Face à cette situation, les étudiants sont les premiers à souffrir de ce manque chronique de moyens.
Tailleur rose, petit chignon, Okorie Sandra, est l’une des rares étudiantes du campus à afficher un air soulagé : elle vient d’obtenir la confirmation de son diplôme en finances publiques. Un diplôme obtenu après quatre longues années de galère à l’université.
Les salles de classe sont petites et peuvent difficilement accueillir les centaines d’étudiants de sa promotion. Elle nous raconte son parcours du combattant : « Dans ma promotion, nous sommes très nombreux : nous sommes près de 500 étudiants. Pour être sûre d’avoir une bonne place pour suivre les cours, je viens à 7h30 et je m’installe. Sinon, on se retrouve au fond de la salle, et la journée est gâtée : impossible d’entendre le professeur, car il n’a pas de micro. »
Pour protester contre le manque de moyens matériels, les enseignants sont régulièrement en grève. Okorie a fait son calcul : elle a perdu près d’une année à cause des grèves : « J’ai travaillé tous les week-ends, et parfois même, tous les jours de la semaine. Je travaillais afin d’avoir de l’argent de poche. C’est mieux que de rester chez soi les bras croisés. »
Les étudiants se sentent sacrifiés, comme l’explique Oumar Dangado : « Ces grèves contribuent à détériorer le niveau du système éducatif. Et désormais, le calendrier académique est totalement perturbé. »
Signe de ce désintérêt : aucune proposition concrète n’a été exposée par les candidats à la présidentielle.
Rfi