La campagne électorale s’intensifie en Bolivie à quelques jours du vote général. Les Boliviens voteront dimanche 20 octobre pour leur prochain président mais aussi pour leurs députés et leurs sénateurs. Une élection au résultat incertain, pour la première fois depuis 13 ans, Evo Morales est mis en difficulté. Panorama des forces politiques en lice.
De notre correspondante à La Paz
Les partis politiques sont en effervescence. Dimanche prochain, les Boliviens se rendront aux urnes pour élire leur prochain président. Dans la plupart des sondages, Evo Morales, l’actuel président, est donné en tête, suivi de près par Carlos Mesa, et vient ensuite Oscar Ortiz.
« Si on regarde en arrière, en 2005, plus d’un million de Boliviens a voté pour nous, l’élection d’après, ils étaient deux millions, et lors du dernier vote, ils étaient plus de 3 millions de Boliviennes et de Boliviens. Et donc pour cette élection nous espérons que plus de 4 millions de Boliviens votent pour le Mouvement vers le Socialisme », a lâché l’actuel président.
« On ne va jamais laisser tomber Morales »
Evo Morales, on le connait déjà : il dirige le pays depuis maintenant treize ans. Il reste très populaire dans les zones rurales et chez les plus démunis. « Les bourgeois nous discriminent parce qu’on est des femmes indigènes. Mais le camarade Evo, il ne nous a jamais discriminés. Avant, les gens du peuple, de la campagne, n’avaient pas le droit de rester sur les places publiques, mais maintenant on a le droit d’être là, et de s’y réunir. On va même à des réunions au palais du Gouvernement ! Le camarade Evo, c’est notre sang, on ne va jamais le laisser tomber », nous explique Eusebia Mamani Cruz, militante du Mouvement vers le Socialisme, le MAS.
Chez les classes moyennes-hautes, le vote se portera plutôt vers Carlos Mesa, ancien président. Il a dû assumer le pouvoir en 2003, lorsque le président bolivien a fui le pays après des manifestations violemment réprimées qui ont fait plusieurs dizaines de morts.
Son programme est plutôt axé sur les échecs de l’actuel gouvernement : écologie, corruption, justice. Sur ce dernier point, il dit: « Un système judiciaire qui ne fonctionne pas, qui est pourri jusqu’à l’os comme celui que nous avons en Bolivie ne nous permet pas d’avoir confiance en la Justice et en ses règles. Il faut que nous mettions en place une certaine sécurité juridique, et par là j’entends se doter d’un système judiciaire de confiance. Il faut que les règles du jeu soient claires. »
La tension est palpable dans le pays
Quant au mouvement « la Bolivie a dit non », en 3e position, il demande, comme toute l’opposition, le « retour de la démocratie », qui aurait été niée après le référendum de 2016, lors duquel les Boliviens ont dit « non » à la possibilité d’une nouvelle candidature pour Evo Morales. Mais en dépit de ce résultat l’actuel président se présente pour un quatrième mandat.
La tension est palpable dans le pays. Que va-t-il se passer après le vote, la situation politique restera-t-elle stable ? « Comme dans beaucoup de pays le premier tour des élections présidentielles est aussi une élection générale, une élection pour le Parlement, nous expliqueEsteban Morales, politologue. Et le MAS va dominer complètement le Parlement, il n’y a aucun doute. Et ça, ça va poser des problèmes de gouvernance très très forts. Même si Carlos Mesa arrive à gagner les élections présidentielles. Donc, c’est quelque chose que les gens lui rappellent tout le temps maintenant. Si ça ne va pas, si vous n’avez pas le contrôle du Parlement, si le parti d’Evo Morales fait beaucoup de résistance dans la rue, si vous êtes élu président, combien de temps ça va durer ? Un an ? Deux ans ? »
Le vote approche, les indécis sont encore nombreux selon les sondages, et ils sont des milliers à affirmer qu’ils ne reconnaitront pas la victoire d’Evo Morales, si l’actuel président venait à gagner.