Elections en RDC: la Symocel dénonce une «rétention d’informations»

La Synergie des missions citoyennes d’observation électorales de RDC (Symocel) continue de réclamer que la Commission électorale affiche et publie les résultats détaillés de la présidentielle et des législatives, bureau de vote par bureau de vote.
La Symocel déplore le manque de transparence qui a entouré les résultats l’affichage et la publication des élections du 30 décembre 2018. Elle déplore que la Céni se soit contentée d’annoncer des résultats globaux sans aucun détail, ce qui ne permet pas d’en vérifier la cohérence.

D’autant plus qu’à l’issue du scrutin, l’affichage au niveau des bureaux de vote – pourtant obligatoire – a été incomplet. 85 % des résultats seulement y ont été affichés, rien au niveau des centres de compilation locaux. Abraham Bishop Djamba, chef de la mission de la Symocel, juge aujourd’hui « inacceptable » de ne pas pouvoir « accéder aux résultats » et dénonce une « rétention d’informations ».

Pas de conclusion sur la véracité des résultats officiels

La mission d’observation recommande qu’à l’avenir la loi électorale précise sans ambiguïté l’obligation pour la Céni de publier les résultats bureau de vote par bureau de vote. Et, surtout, qu’elle prévoit des sanctions si ce n’est pas le cas. « Nous avons proposé des mesures pour que justement il y ait cette contrainte-là. Que ce ne soit pas à la discrétion de la Céni de dire « j’affiche les résultats ou je ne les affiche pas » », affirme Abraham Bishop Djamba.

La Symocel ne tire de la situation aucune conclusion sur la véracité des résultats proclamés par la Céni mais fait ces recommandations dans le but, dit-elle, de limiter à l’avenir le risque de conflit postélectoral.

Ce, alors que l’opposant Martin Fayulu continue de contester sa défaite à la présidentielle, en s’appuyant notamment sur une fuite en janvier de plusieurs milliers de documents attribués à la Commission électorale et à la Conférence épiscopale. Des documents selon lesquels il aurait gagné l’élection.

La Symocel déplore également les difficultés rencontrées par de nombreux candidats et témoins à ces élections pour obtenir des procès-verbaux, ce qui a limité leur possibilité de déposer des recours en justice pour contester les résultats lorsqu’ils l’auraient souhaité.

Contre la corruption, des grands électeurs plus nombreux ?

Par ailleurs, la Symocel demande une « révision du mode de scrutin » pour l’élection des sénateurs et des gouverneurs pour lutter contre le monnayage des voix. La mission estime que « l’ampleur des allégations de corruption » lors des dernières sénatoriales a « vicié » le vote. Pour Abraham Bishop Djamba, « il n’est pas acceptable que l’on puisse accéder à de si hautes fonctions par des moyens de corruption ».

L’organisation propose soit d’élargir l’électorat – actuellement, les sénateurs et gouverneurs sont élus au scrutin indirect par des grands électeurs, les députés provinciaux – afin de rendre la corruption plus complexe. Soit, que « carrément, cela devienne des élections directes ».

rfi